~ Aux gens qui envisagent de procréer en affirmant
qu’ils aimeront intensément et prendront grand soin de leur futur enfant, il
est nécessaire de sobrement rappeler que prendre soin, aimer et sauver
quelqu’un qui est déjà au monde fait tout à fait sens, mais il est difficile de
justifier le fait de donner naissance à quelqu’un dans le but de l’aimer, d’en
prendre soin et de le sauver. Cette attitude semble ignorer ab initio que la meilleure manière
d’aider, aimer, sauver et prendre soin de quelqu’un est… de ne pas lui donner
naissance ! Au fil du soupçon nietzschéen, il semble que les gens sont
disposés à faire toute sorte de choses pour éviter que leur enfant souffre,
n’importe quoi, sauf… ne pas l’introduire dans la souffrance structurelle [de
l’existence].
~ Nous décidons tout autant de l’existence des
autres quand nous les faisons apparaître dans le monde que lorsque nous les
éliminons.
~ L’amour ne peut pas du tout supplanter
l’éthique. […] Quiconque dit avoir procréé par amour, comme d’autres tuent par
haine, dit peut-être la vérité, mais, sans nul doute, cette personne n’a donné
aucune justification morale pour la procréation. Dire que vous avez eu un
enfant « par amour » est une manière de dire que vous l’avez eu
compulsivement, selon les sauvages rythmes de la vie. De la même manière, nous
pouvons aimer intensément nos parents et, en même temps, considérer la
parentalité comme éthiquement et rationnellement problématique, et réaliser que
nous avons été manipulés par eux. […] On ne peut justifier moralement un
homicide en disant que nous l’avons fait par haine, ni un suicide en disant que
nous l’avons fait « par haine de nous-même ». Une chose peut
continuer à être éthiquement problématique même lorsqu’elle est guidée par l’amour.
~ Nous pouvons considérer comme immoral qu’un
homme utilise la vie de son fils comme un moyen, en lui donnant naissance afin
de fuir les malheurs et dégoûts de sa propre vie. Beaucoup de gens témoignent
explicitement qu’ils ont fait leurs enfants afin de fuir le non-sens de leur
vie.
Julio Cabrera, A critique of affirmative
morality – A reflection on death, birth and the value of life.
Argentine XX°
~ La vie humaine manque de valeur dans sa structure terminale même,
essentiellement dans les trois dimensions de la souffrance : la douleur,
l’ennui et la disqualification morale des êtres humains en général. […] Compte
tenu de la condition humaine, il est impossible de vivre une vie morale au sens
strict.
~ La procréation est dans tous les cas moralement problématique, même les
soi-disant « procréations responsables » (et peut-être celles-ci tout
particulièrement), car elle consiste à offrir à d’autres la structure terminale
de l’être et ses conséquences que sont la douleur, l’ennui et la disqualification
morale. […] Ceci nous oblige à contester l’idée habituelle que la naissance est
un cadeau et la procréation le paradigme d’une action éthique.
~ C’est l’essence même de la vie qui est mauvaise, pas dans le sens d’un
mal métaphysique, mais dans le sens d’un mal-être physique et moral.
~ La procréation peut être considérée comme un acte moralement
problématique et, dans beaucoup de cas, simplement irresponsable. […] Même les
procréations ontiquement responsables sont moralement problématiques. […] En
plus de léguer [aux enfants] une non-value structurelle, [la procréation]
s’effectue dans un but de bénéfice personnel et dans un exercice clair de
manipulation d’autrui, en l’utilisant comme moyen.
~ La douleur, l’ennui et la disqualification morale sont des raisons
permanentes et structurelles pour s’abstenir de procréer.
~ La vie a une valeur négative structurelle ; la procréation est, par
conséquent, toujours irresponsable.
~ La vie persiste à cause d’une pulsion vitale
puissante, immorale et irrationnelle. […] Les humains restent en vie et
procréent non pas parce que la vie est intrinsèquement précieuse, mais parce
qu’ils sont contraints de vivre, même dans les pires conditions.
~ La vie, en son essence, N’EST PAS BONNE.
~ Le mieux
aurait été de ne pas naître. […] Une fois nés, que pouvons-nous faire, d’un
point de vue moral ? Comment pouvons-nous quand même faire preuve
d’éthique ? […] La première chose que je devrais faire est : ne pas procréer.
Julio Cabrera, Summary of the ethical question
in Julio Cabrera’s philosophy. Argentine XXI°
~ On se
bat beaucoup chez les pauvres. Il faut bien passer sur quelqu’un sa fureur, sa
rage d’être au monde et d’y rester.
~ Je
pense que rien au monde n’est plus féroce, vicieux, criminel qu’un enfant.
~ Toi, ma mère, garce, je ne sais
où tu es passée. Je n’ai pu retrouver ta trace. […] Si tu vis quelque part,
sache que tu peux m’offrir une joie. La première. Celle de ta mort. Te voir
mourir me paierait un peu de ma douloureuse enfance. Si tu savais ce que c’est
qu’une mère. Rien de commun avec toi, femelle éprise, qui livra ses entrailles
au plaisir et m’enfanta par erreur. Une femme n’est pas mère à cause d’un fœtus
qu’elle nourrit et qu’elle met au monde. Les rats aussi savent se reproduire.
Je traîne ma haine de toi dans les dédales de ma curieuse existence. Il ne
fallait pas me laisser venir. Garce. Il fallait recourir à l’hygiène. Il
fallait me tuer. Il fallait ne pas me laisser subir cette petite mort de mon
enfance, garce. Si tu n’es pas morte, je te retrouverai un jour et tu paieras
cher, ma mère. Cher. Garce.
Louis Calaferte, Requiem des innocents. France XX°
~ Jamais je ne me suis complètement éveillé de
cette mort féconde qui précéda ma naissance.
~ Elles sont mâles et femelles. Elles procréent.
Elles sont mères-rats. Fermentées. Elles creusent des trous irréparables dans
tout ce compost de moelle pour y pondre la semoule de leurs œufs. Est-ce à moi
de les nourrir ?
~ Toute présence humaine m’est une provocation et
j’invoquais le soufre, les orages de Sodome. Justice ! – Dieu de verdict,
m’aiderez-vous enfin à décimer ces races ! […] Comment, sans vos épées
glorieuses, exterminerais-je tous leurs enfants du vice ? Armez mon bras,
que je sois invincible et invulnérable ! C’est un à un qu’il faut les prendre,
les frapper, les réduire sous le pied, effacer jusqu’à leur forme afin de
s’assurer par soi-même de la totalité de leur mort – et encore décaper aux
acides le lieu de leur sacrifice ; que le sol y soit cent mille ans
stérile. Je suis votre poing de colère, Seigneur ! L’édit diluvien de
votre Verbe. Et après les enfants – leurs mères ? Ainsi, Seigneur ?
Puis, les mâles ? Nous les assemblerons par milliers sur des terres
creuses qui les engloutiront.
~ Avec vos décors de catalogues, […] vos gros
enfants, […] avec vos culs paraboliques bien installés dans le giron de la
vie : vous croyez que vous serez épargnés par l’horreur. Mais non !
Mais non ! Vous aussi ! Vous aussi ! Et nous tous ! L’horreur nous
circonscrit. […] Vous êtes viandes à tortures – vous aussi ! Nous sommes nés
ainsi. Notre sang est plein d’horreurs.
Louis Calaferte, Satori. France XX°
J’apprends
l’homme. L’homme est une saloperie.
Louis Calaferte, C’est la guerre. France XX°
Ah ! misérable, infortuné ! Je
prétends, ciel, t’arracher quel délit j’ai pu commettre contre toi par ma
naissance. Mais je suis né : j’entends bien le délit que j’ai commis […] Le
délit majeur de l’homme, c’est d’être né.
Calderon de la
Barca, La vie est un songe. Espagne XVII°
Périsse le
jour, seigneur, où je naquis en ce monde ! Périsse la froide nuit en laquelle
je fus conçu pour ma si grande peine ! […] Avec ma vie viendra s’achever ma
douleur.
Calderon de la Barca, Le grand théâtre du monde.
Espagne XVII°
Je pense que j’ai eu tort de te
faire venir en ce monde. Tu verras, ce n’est pas très drôle, quoi qu’on en
dise. Te voilà, par ma faute, condamné à la peine de vie. Mais rassure-toi, ce
n’est pas si long qu’il y paraît : tout a une fin.
Henri Calet, Monsieur
Paul. France XX°
La vie présente, considérée en
soi, est pleine d’inquiétudes, de troubles, en tout misérable, n’est bienheureuse
en nul endroit : tous les biens d’elle qu’on a en estime sont transitoires et
incertains, frivoles et mélangés avec des misères infinies : et ainsi de cela
nous concluons qu’il ne faut ici rien chercher ou espérer que bataille.
Jean Calvin, Institution de la religion
chrétienne. Suisse XVI°
C’est à bon droit qu’Aristote
dispute aux Politiques si la multitude d’enfants doit être réputée entre les
félicités ; ce qu’il nie si une bonté et excellence de nature n’est aussi
conjointe aux enfants. Et certes la perte de lignée ou stérilité d’enfants
serait plus heureuse à beaucoup que l’abondance d’enfants pleine de pleurs et
gémissements.
Jean Calvin,
Commentaires
sur les psaumes. Suisse XVI°
~ Depuis qu’il nous a créés et
mis au monde, ce prétendu Dieu de bonté laisse triompher le mal, régner le vice
et accable notre pauvre globe des catastrophes les plus variées.
~ Mieux
vaudrait pour les hommes n’être jamais sortis du Néant !
Pierre Cami, Les
mémoires de Dieu-le-Père. France XX°
~ Si j’avais pu choisir mon père, je ne serais
pas né.
~ Ce monde, tel qu’il est fait, n’est pas
supportable.
~ Les hommes meurent et ils ne sont pas
heureux.
~ A mon âge, on sait que la vie n’est pas
bonne. Mais si le mal est sur la terre, pourquoi vouloir y ajouter ?
Albert Camus, Caligula. France XX°
~ Il n’y a
qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la
vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale
de la philosophie.
~ Vivre, c’est
faire vivre l’absurde.
Albert Camus, Le
mythe de Sisyphe. France XX°
~ (La mère) : Je ne puis
plus supporter de vivre.
(La fille) : Mais qu’est-ce
donc qui peut être plus fort que la détresse de votre fille ?
(La mère) : La fatigue
peut-être, et la soif du repos.
~ A quoi bon ce grand appel de l’être, cette alerte des âmes ?
Pourquoi crier vers la mer ou vers l’amour ? Cela est dérisoire.
~ Comprenez que votre douleur ne s’égalera jamais à l’injustice qu’on fait
à l’homme et pour finir, écoutez mon conseil. [...] Priez votre Dieu qu’il vous
fasse semblable à la pierre. C’est le bonheur qu’il prend pour lui, c’est le
seul vrai bonheur.
Albert Camus, Le malentendu. France XX°
~ A mort le monde ! Ah, si
je pouvais l’avoir tout entier devant moi, comme un taureau qui tremble de
toutes ses pattes, avec ses petits yeux brûlants de haine et son mufle rose où
la bave met une dentelle sale ! Aïe ! Quelle minute. Cette vieille main
n’hésiterait pas et le cordon de la moelle serait tranché d’un coup et la
lourde bête foudroyée tomberait jusqu’à la fin des temps à travers
d’interminables espaces !
~ Plus on supprime et mieux vont
les choses. Et si on supprime tout, voici le paradis ! Les amoureux,
tenez ! J’ai horreur de ça ! [...] Et les enfants, cette sale
engeance !
~ Il faudra bien que tout
s’achemine vers l’accomplissement dernier qui est le silence et la mort.
Albert Camus, L’état de siège. France XX°
~ Paris est un vrai trompe-l’oeil, un superbe décor habité par quatre
millions de silhouettes. Près de cinq millions, au dernier recensement ?
Allons, ils auront fait des petits. Je ne m’en étonnerai pas. Il m’a toujours
semblé que nos concitoyens avaient deux fureurs : les idées et la
fornication. A tort et à travers, pour ainsi dire.
~ J’ai connu un cœur pur qui
refusait la méfiance. Il était pacifiste, libertaire, il aimait d’un seul amour
l’humanité entière et les bêtes. Une âme d’élite, oui, cela est sûr. Eh bien,
pendant les dernières guerres de religion, en Europe, il s’était retiré à la
campagne. Il avait écrit sur le seuil de sa maison : « D’où que vous
veniez, entrez et soyez les bienvenus. » Qui, selon vous, répondit à cette
belle invitation ? Des miliciens, qui entrèrent comme chez eux et l’étripèrent.
~ Chaque homme a besoin d’esclaves comme d’air
pur. Commander, c’est respirer. [...] Et même les plus déshérités arrivent à
respirer. Le dernier dans l’échelle sociale a encore son conjoint, ou son
enfant. S’il est célibataire, un chien. L’essentiel, en somme, est de pouvoir
se fâcher sans que l’autre ait le droit de répondre. « On ne répond
pas à son père », vous connaissez la formule ?
Albert Camus, La chute. France XX°
~ Avant ma naissance, tout allait
très bien pour moi.
~ C’est à la naissance que
l’homme est à plaindre, non à son trépas.
~ Le nouveau-né pleure car il
pressent que ses ennuis commencent.
Xavier Canonne, Yasmine
Bazar. Belgique XX°
~ Nous n’avons
pas choisi de naître et nous nous estimons heureux de ne survivre nulle part à
cette vie, qui nous fut imposée plus qu’elle ne nous fut donnée, vie pleine de
soucis et de douleurs, aux joies problématiques ou mauvaises.
~ Heureux les morts ! et malheureux trois fois ceux qui, pris de folie,
engendrent ! heureux les chastes ! heureux les stériles ! heureux même ceux qui
préfèrent la luxure à la fécondité !
~ Les Onanistes et Sodomites sont moins coupables que les pères et les mères de
famille, parce que les premiers se détruiront eux-mêmes et que les seconds
détruiront le monde, à force de multiplier les bouches inutiles.
Albert Caraco, Bréviaire
du chaos. France XX°
Os : Je suis né d’un accouchement naturel.
Du paradis, je descendis, à travers la fente, dans cette galaxie de douleurs.
Je ne l’oublierai jamais et ne le lui pardonnerai jamais, à elle. Purgé hors de
l’utérus, bousculé vers le bas du long passage, le cordon ombilical autour du
cou, le grognement, le gémissement, le sang, la merde, la pisse et le premier
cri, c’était le point de non-retour. Le dur début d’un dur voyage, je vous le
dis. Je ne souhaiterais pas la vie à mon pire ennemi, j’avorterais.
Marina Carr, Low in the dark. Irlande XX°
~ J’ai frappé la dépouille graisseuse de
l’humanité avec des poings durcis de haine.
~ La vie ne serait supportable que si on la passait à dormir.
~ Chaque être humain que je voyais me remplissait de dégoût au point que je
n’osais plus m’approcher de la fenêtre pour regarder dans la rue. […] Je n’ai
jamais aimé mes semblables, mais, ce jour-là, leur vue même violait ma
sensibilité au point de devenir presque une douleur physique.
~ Un mince cordon ombilical se déroula lentement depuis le centre de l’Œuf
et s’approcha de moi en rampant sur le sol à la manière d’un serpent. […] Le
cordon ombilical se serrait autour de mon cou comme pour m’étrangler.
~ L’angoisse qu’elle en ressentait était pire que celle que l’on éprouve
lorsque l’on va donner naissance à une portée de chiots.
~ Je suis un génie, répondit l’artisane, car je me suis exercée à transmuer
tout l’amour de mon corps en énergie, et toute ma haine, qui est aussi une
grande force, je me suis exercée à la transformer en pensée. Ma matrice n’est
pas plus grande qu’un grain de riz, car sa puissance a été totalement utilisée
à découvrir. […]
– Les fonctions ordinaires d’un animal femelle : l’amour d’un homme ou
la mise au monde d’enfants, ne vous ont-elles jamais manqué ?
– C’est là une question difficile à laquelle je pourrais répondre
« oui », ou avec une égale facilité « non ».
~ Comme je te hais, et pourtant, tout en te haïssant comme je le fais, je
suis contraint de me soucier de tes misérables besoins, simplement parce que tu
es moi, ce qui ne me paraît guère une raison suffisante. […] Ah, ma chère âme
et mon cher cœur, vous êtes devenus si petits à force de vous dessécher, qu’à
vous deux vous n’empliriez pas la peau d’un haricot sec ! Vous êtes le
microbe idéal de cette maladie insensée que l’on appelle la vie. Une énigme
conçue par un fou.
~ Les cordes vitales entretenues à travers la vie sont aptes à tuer la
compréhension en transmettant la souffrance continuelle.
~ Quetzalcoatl gardera l’arbre de la Sagesse de l’attouchement des doigts
de la femme. Elle devra rester hors de la montagne avec les morts car ses cinq
doigts font rentrer l’homme dans la matrice, au sein des Limbes de l’obscurité
perpétuelle.
Leonora Carrington,
La
porte de pierre. Angleterre XX°
~ On ne doit pas chercher bien loin pour trouver des parents qui n’auraient
jamais dû avoir d’enfants. Le problème avec le pronatalisme est qu’il conduit chaque personne à croire qu’elle devrait
avoir des enfants – même les personnes qui ne devraient pas avoir d’enfants. Et
le pronatalisme conduit les gens à croire qu’ils ont le droit d’avoir autant d’enfants
qu’ils le veulent – même les personnes qui ne devraient pas avoir d’enfants. Cela
crée des problèmes qui s’étendent au-delà des familles et des enfants qui
peuvent souffrir des effets d’une parentalité déficiente.
~ Le nombre d’enfants que les gens choisissent d’avoir peut aussi être jugé
comme égoïste si on réfléchit aux questions démographiques et de développement
durable dans le monde. Chaque
naissance d’enfant produit un impact environnemental. Les spécialistes
comme Chris Packham disent que si vous prenez en considération l’impact global
de votre décision de parentalité, ayez un seul enfant ou aucun. […] Il est égoïste de décider de combien d’enfants
nous voulons en se basant uniquement sur nos propres désirs, sans tenir compte
des effets sur la planète et sur ceux qui y vivent déjà.
~ Il est évident que nous payons
un lourd tribut au fait de souscrire
à l’idée que n’importe qui a le droit de faire des enfants, indépendamment du
fait de savoir si les gens sont émotionnellement, financièrement et
psychologiquement prêts à les faire. Et il est évident que ce droit jamais
questionné cause du tort à beaucoup d’enfants, aux parents eux-mêmes, et à la
société.
~ Dans notre société, conduire une voiture est un privilège. Avant
d’obtenir notre permis de conduire, nous devons tous montrer que nous pouvons
conduire avec compétence et en toute sécurité. Pourquoi ? Si nous ne
sommes pas en mesure de bien conduire, cela se traduira par des dommages causés
à d’autres. Parce que la parentalité peut potentiellement causer beaucoup de
tort aux enfants et à la société, et parce qu’elle est probablement le métier
le plus important au monde, pourquoi n’avons-nous pas la même attitude quand il
est question de faire des enfants ? La parentalité doit être considérée comme
un droit privilégié, pas comme un droit automatique.
~ Quand ceux qui veulent devenir parents pensent au-delà d’eux-mêmes et
adoptent, les avantages s’accumulent à la fois pour ces parents, leurs enfants
adoptifs, et le monde entier.
~ Au lieu de créer des politiques fiscales qui encouragent la naissance d’enfants,
le gouvernement doit mettre en place des incitants visant à réduire le nombre
de naissances. […] Les parents voulant plus de deux enfants biologiques
devraient être pénalisés d’une amende dont le montant soit capable de les
dissuader d’avoir ce troisième enfant.
~ Faire moins d’enfants n’est pas un acte égoïste, mais bien un acte
altruiste. Faire moins d’enfants biologiques est le véritable acte
humanitaire car il diminue en fin de compte la souffrance des êtres humains et
celle des créatures du monde naturel.
Laura Carroll, The Baby Matrix. Etats-Unis XXI°
~ Les enfants ne sont qu’une variété de serpents.
~ La porte donnait directement sur une vaste cuisine tout enfumée :
assise au milieu de la pièce, sur un tabouret à trois pieds, la Duchesse était
en train de bercer un bébé ; penchée au-dessus du feu, la cuisinière
touillait le contenu d’un grand chaudron qui paraissait être empli de soupe.
« Il y a certes trop de poivre dans cette soupe ! » se dit Alice
[...] Il y en avait certes beaucoup trop aussi dans l’air. La Duchesse elle-même éternuait de temps à autre ; le
bébé éternuait et hurlait alternativement sans aucune interruption. [...]
« Cochon ! » [La Duchesse] jeta ce dernier mot avec une violence
si soudaine qu’Alice sursauta ; mais un instant plus tard elle comprenait
que la Duchesse s’était adressée au bébé, et non pas à elle. [...] La
cuisinière retira du feu le chaudron de soupe et se mit aussitôt en devoir de
lancer, en direction de la Duchesse et du bébé, tout ce qu’il lui tombait sous
la main : d’abord les pincettes et le tisonnier ; puis une ribambelle
de casseroles, de plats et d’assiettes. La Duchesse n’y prit point garde, même
lorsque certains de ces ustensiles la frappèrent de plein fouet ; quant au
bébé, il hurlait si fort dès avant ce bombardement, qu’il était tout à fait
impossible de savoir si les coups au but lui faisaient mal ou non. [...]
« Oh ! dit la Duchesse, ne venez pas me casser la tête ; j’ai
toujours eu horreur des chiffres ! » Et, là-dessus, elle se remit à
dorloter son enfant, tout en lui chantant une sorte de berceuse et en le
secouant violemment à la fin de chaque vers :
Soyez ferme avec votre petit
garnement,
Et battez-le bien fort sitôt
qu’il éternue :
S’il le fait, sans nul
doute, eh oui ! c’est simplement
Parce qu’il sait que ce
bruit-là vous exténue. [...]
Tandis que la Duchesse chantait la seconde strophe, elle ne cessa pas de
lancer le bébé en l’air et de le rattraper au vol. Le pauvre petit être hurlait
tellement, qu’Alice eut quelque peine à saisir les paroles de la chanson :
Moi je suis ferme avec mon
petit garnement,
Et je le bats bien fort
sitôt qu’il éternue ;
Car, s’il le veut, il sait
supporter bravement
Le poivre que dans ses
narines j’insinue !
[...]
« Tenez ! Vous pouvez le bercer un peu, si cela vous fait
plaisir ! dit la Duchesse à Alice, en lui jetant le bébé à la volée. Il
faut que j’aille m’apprêter en vue de ma partie de croquet avec la
reine. » [...] Alice saisit le bébé non sans difficulté, car c’était un
petit être bizarrement conformé qui allongeait bras et jambes dans tous les sens :
« Tout comme une étoile de mer », pensa Alice. Le pauvre petit,
lorsqu’elle le prit dans ses bras, haletait comme une machine à vapeur et ne
cessait de se tortiller comme un ver, de sorte que, durant les deux minutes qui
suivirent, Alice eut toutes les peines du monde à l’empêcher de tomber. Dès
qu’elle eut trouvé la bonne manière de le maîtriser (il fallait le replier, de
façon à en faire une sorte de nœud, puis s’assurer une prise solide sur son oreille droite et sur son pied
gauche, pour empêcher le nœud de se défaire), elle sortit avec lui à l’air libre. « Si je ne prends
pas cet enfant avec moi, pensa Alice, il va sûrement se faire tuer en moins
d’un jour ou deux : ne serait-ce pas un crime que de l’abandonner dans un
pareil lieu ? » Elle prononça ces derniers mots à haute voix, et le petit
être répondit par un grognement (il n’éternuait plus, pour l’instant).
« Ne grogne donc pas, lui dit Alice, ce n’est pas ainsi que l’on doit
s’exprimer. » Le bébé grogna de plus belle, et Alice regarda avec inquiétude
son visage en se demandant ce qui, en lui, laissait à désirer. Il avait sans
conteste un nez très retroussé qui
ressemblait bien plus à un groin qu’à un vrai nez ; d’autre part, ses yeux
devenaient bien petits pour des yeux de bébé ; à tout prendre, il y avait
dans sa physionomie quelque chose qui ne plaisait pas du tout à Alice. Mais
peut-être étaient-ce ses sanglots qui le défiguraient ainsi, pensa-t-elle en le
regardant de nouveau dans les yeux pour voir s’il y avait, en eux, des larmes.
Non, il n’y en avait pas. « Si tu es sur le point de te transformer en
cochon, mon cher, lui dit Alice sans rire, je ne veux plus en rien avoir
affaire avec toi. Prends-y garde ! » Le pauvret se remit de bon cœur
à sangloter (ou à grogner, il était impossible de dire au juste s’il faisait
l’un ou l’autre) et la promenade se poursuivit pendant quelque temps sans que
fût prononcé aucun autre mot. Alice
était très précisément en train de commencer à se demander :
« Voyons, que vais-je faire de cette créature quand je l’aurai amenée à la
maison ? » lorsque son protégé se mit à grogner de nouveau, avec une
violence telle qu’Alice, quelque peu alarmée, abaissa le regard vers son
visage. Cette fois, il ne pouvait plus y avoir l’ombre d’un doute :
c’était bel et bien un cochon qu’elle avait sous les yeux, et elle comprit
qu’il serait tout à fait absurde de le porter dans ses bras plus longtemps.
Elle posa donc par terre le petit être, et éprouva un certain soulagement à le
voir trottiner sans trop de hâte vers le bois où il pénétra. « En
grandissant, se dit-elle, ce fût devenu un enfant terriblement laid ; mais
cela fait, je trouve, un assez joli cochon. » Elle se mit à penser à
d’autres enfants de sa connaissance, qui eussent fait de remarquables cochons,
et elle était précisément en train de se dire : « Si seulement l’on
connaissait le moyen de les transformer... »
~ « A propos, dit-il, qu’est devenu le bébé ? J’allais oublier de
vous le demander. »
« Il s’est changé en cochon », répondit Alice.
Lewis Carroll, Alice au pays des merveilles.
Angleterre XIX°
« N’avez-vous jamais fait une pièce de théâtre avec la vie
réelle ? dit le comte. Essayez donc maintenant. » […] C’était
vraiment admirable, dès que je fus entré dans le jeu. Même un porteur poussant
un chariot bourré de valises semblait si réaliste que l’on était tenté
d’applaudir. Il était suivi par une mère en colère, le visage rouge vif,
traînant deux enfants hurlant, et qui criait à quelqu’un derrière :
« John ! Viens donc ! » Entre John, très humble, très
silencieux, et chargé de paquets. Et il est suivi à son tour par une petite
bonne terrifiée, portant un gros bébé, hurlant aussi. Tous les enfants
hurlaient. « Remarquable séquence ! dit le comte à part soi.
Avez-vous remarqué l’air terrifié de la bonne ? C’était absolument
parfait ! » […] Je me demande si Shakespeare pensait à la même chose,
dis-je, quand il écrivit : « Le monde entier est un
théâtre » ? Le vieil homme soupira. « C’en est vraiment un, de
quelque manière que vous le considériez. La vie est vraiment un drame ; un
drame sans beaucoup de rappels, et sans applaudissements à la fin ! »
Lewis Carroll, Sylvie et Bruno. Angleterre XIX°
L’idée qui m’a paru éclipser toutes les autres est celle d’éternité, ce qui
implique, à ce qu’il paraît, le nécessaire épuisement de tous les sujets
d’intérêt humain. […] Quand je me transporte en pensée à travers quelques
milliers ou millions d’années, et m’imagine posséder autant de science qu’une
raison humaine peut en contenir, je me demande : et alors ? Quand on
n’a plus rien à apprendre, est-il possible de se reposer, satisfait de son
savoir, avec l’éternité devant soi ? Cette pensée m’a beaucoup troublé.
J’ai souvent imaginé que l’on pourrait dire, dans ce cas, « mieux vaut ne
pas être », et implorer l’anéantissement individuel, le
« nirvâna » des bouddhistes.
Lewis Carroll, Sylvie et Bruno – suite et fin.
Angleterre XIX°
~ Je méprise la vie.
~ A très bien et très
profondément raisonné celui qui a dit : « Personne n’accepterait la
vie si elle était donnée à ceux qui savent. » C’était Sénèque ; et je
le dis aussi. Si l’on suppose la préexistence de l’âme en toute tranquillité,
il est impossible d’imaginer qu’elle, qui est bien informée de tout ce qui
arrive en général à l’homme dans cette vie et de tous les maux auxquels il doit
être soumis, permette d’entrer dans un corps.
~ La vie est, généralement
parlant, un mal, un vrai malheur.
~ S’il y a une obligation entre
père et fils, c’est plutôt le père qui l’a envers son fils que le fils envers
son père.
~ Illusion est la vie elle-même,
si l’on considère qu’elle est prise pour un bien alors qu’il est évident que
c’est un vrai mal.
~ L’homme […] aurait pu être
toujours jeune et n’avoir pas besoin de se reproduire et d’élever des enfants,
énormes malheurs de leurs parents.
Giacomo Casanova, Dialogues sur le suicide. Italie
XVIII°
Je fus pris de dégoût, et maudis
ma naissance,
Et maudis le Soleil qui fait
l’homme vivant. […]
Et tout, l’homme et les
Dieux ; le Soleil et la Lune,
Etant précipité dans la fosse
commune,
Heureux de contempler enfin le Vrai
Néant,
Je reposais mon âme, et je
mourais content !
Jean Caselli alias Henri Cazalis alias Jean Lahor,
Dies
irae.
France XIX°
Tous les Cathares condamnent le
mariage, la procréation issue de la matière mauvaise qui, en proliférant, perpétue
le mal.
[Cathares]
(mouvement chrétien médiéval). Extrait de : Christine Thouzellier, article
« Cathares »,
Encyclopaedia Universalis, 1985
~ « Toute chair est l’œuvre
du diable ».
~ Le fœtus, tout entier, est
l’œuvre du mauvais principe ; il est démon pur et simple. Il va jusqu’à
contaminer la femme qui le porte, qui se trouve en état de péché irrémissible
jusqu’à sa délivrance.
~ [Voilà] qui s’insère bien dans
le contexte cathare de réprobation de la procréation : le Parfait ne
devait pas donner le consolamentum
des mourants à une femme enceinte.
[Cathares] Extraits
de : Jean Duvernoy, La religion des
Cathares.
L’idéal du cathare était la
disparition de l’humanité, par le suicide et par le refus d’avoir des enfants.
[Cathares] Extraits
de : Mircea Eliade, Histoire des
croyances et des idées religieuses.
Je ne croirai jamais plus qu’un
Dieu bon, dans sa folie, a pu créer l’Univers. […] Si Dieu existe, de fait,
c’est un être cruel.
Michel Cazenave, La chute
épouvantable. France XXI°. Texte
publié in Antoine Faivre (dir.), La
chute : de l’exil à la rédemption.
~ – Et toi Jeanne quand est-ce que tu t’y mets ?
– Quand le monde sera sans guerre, sans faim, sans pédophilie, sans chômage,
sans terrorisme, sans vidéosurveillance, sans machos, sans armes, sans cons,
sans tourisme sexuel, sans frontières, sans tsunami, sans accidents de voiture,
sans violence, sans SDF, sans MST, […] sans cancer, sans douleur, […] alors je
réfléchirai à la question !
~ Je vous propose un geste simple pour sauver la planète : arrêtons de
faire des enfants !
~ On me dit que je suis immature. Moi ce que je trouve immature, c’est de faire des enfants sans réfléchir à tout ce que cela implique.
~ On me dit que je suis immature. Moi ce que je trouve immature, c’est de faire des enfants sans réfléchir à tout ce que cela implique.
~ Les médias nous terrorisent avec des informations toujours plus
catastrophiques et pessimistes sur l’avenir. Comment peuvent-ils en même temps
nous juger sur notre réticence à faire naître un gosse dans un tel monde ?
Véronique Cazot et Madeleine Martin, Et
toi, quand est-ce que tu t’y mets ? : Celle qui ne voulait pas
d’enfant. France XXI°
Elle n’en ratait jamais une ma mère pour essayer de me faire croire que
le monde était bénin et qu’elle avait bien fait de me concevoir. C’est le grand
subterfuge de l’incurie maternelle, cette Providence supposée.
Louis-Ferdinand
Céline, Voyage
au bout de la nuit. France XX°
~ Avec ma naissance en plus, on
s’enfonçait dans la mistoufle.
~ Ma mère [...]. Elle a tout fait
pour que je vive, c’est naître qu’il aurait pas fallu.
Louis-Ferdinand
Céline, Mort
à crédit. France XX°
Il n’y a que la souffrance qui existe en ce monde. Il n’y a ni pensée, ni
cœur, ni rien – Il n’y a que souffrir ou ne pas souffrir, être ou ne pas être –
on s’en fout ! Tout le monde s’en fout !
Louis-Ferdinand
Céline, Lettre (07 mars 1949). France XX°
~ Tant qu’ils auront envie de tuer, ils ne perdront pas le goût de
procréer.
~ L’homme ose encore se permettre des cruautés, alors qu’il commet déjà
tranquillement et à plusieurs reprises l’acte le plus cruel de tous :
procréer, livrer aux horreurs de la vie des êtres qui ne sont pas et ne
souffrent aucune douleur.
Guido Ceronetti, Le silence du corps. Italie XX°
~ Une conscience qui réfléchit ne
peut que s’abstenir de propager l’espèce. Celui qui a une vraie conscience ne
peut tolérer l’excès, le débordement de douleur dans un monde dominé par la
démesure humaine, et freiner, limiter les naissances est avant tout un pur acte
de compassion. Les nombreux enfants sont le fruit de l’ignorance, de
l’insensibilité morale et de la bigoterie.
~ Si tu es un ami de la vie, tu
dois être un ennemi de la reproduction humaine. Si tu aimes les êtres humains,
garde-toi d’en reproduire l’espèce.
Guido Ceronetti, Insectes
sans frontières. Italie XXI°
Le mal faire et le mal dire, nous
l’héritons de nos premiers parents, nous le suçons avec le lait.
Miguel de Cervantes, Dialogue
des chiens Scipion et Berganza. Espagne XVII°
~ Notre naissance et notre mort sont une seule chose. On ne peut pas avoir
l’une sans l’autre. C’est un peu amusant de voir comment les gens, lors d’un
décès, sont si tristes et larmoyants, et, lors d’une naissance, si heureux et
réjouis. C’est du délire. Je pense que si vous voulez vraiment pleurer, alors
il serait préférable de le faire quand quelqu’un naît. Pleurez à la racine, car
s’il n’y avait aucune naissance, il n’y aurait aucune mort. Pouvez-vous
comprendre cela ?
~ Si vous avez peur des maladies, si vous avez peur de la mort, alors vous
devriez considérer avec attention d’où elles proviennent. D’où
proviennent-elles ? Elles résultent de la naissance. Donc, ne soyez pas
triste quand quelqu’un meurt – c’est juste la nature, et sa souffrance dans
cette vie est finie. Si vous voulez être triste, soyez triste quand les gens
naissent.
Ajahn Chah, No Ajahn Chah – Reflections. Thaïlande XX°
Si le chagrin comme le feu faisait
de la fumée,
L’univers en serait à jamais
obscurci.
Tu pourras parcourir de bout en
bout ce monde
Sans rencontrer un sage dans la
joie.
Chahid de Balkh, Le chagrin. Perse X°
~ On ne peut s’empêcher de voir,
à moins d’être stupide, que le mal est grand et ordinaire, le bien chétif et
rare.
~ Tout dans le monde souffre et
gémit.
Paul-Armand
Challemel-Lacour, Etudes
et réflexions d’un pessimiste. France XIX°
~ Vivre est une maladie dont le
sommeil nous soulage toutes les seize heures. C’est un palliatif. La mort
est le remède.
~ Les rois et les prêtres, en
proscrivant la doctrine du suicide, ont voulu assurer la durée de notre
esclavage. Ils veulent nous tenir enfermés dans un cachot sans issue.
~ Il est malheureux pour les
hommes, heureux peut-être pour les tyrans, que les pauvres, les malheureux,
n’aient pas l’instinct ou la fierté de l’éléphant qui ne se reproduit point
dans la servitude.
Sébastien-Roch
Nicolas de Chamfort, Maximes et pensées.
France XVIII°
Puissé-je ne jamais retourner à
la membrane brillante, qui dévore sans dents – ne jamais retourner à la
membrane.
Chândogya Upanishad.
Inde VII° AC
Note :
la membrane, selon le commentaire, désigne le sein maternel, et plus
précisément l’amnios ou le placenta… On sait que le but de la spiritualité
indienne est d’échapper à la douleur de renaître.
Mon âme, il est insensé de
retenir celui qui est las de la vie ; conduis-moi donc vers la mort avant que son temps ne soit venu. […] La mort
est aujourd’hui devant moi comme la guérison après une maladie, comme la
première sortie après un accident. […] La mort est aujourd’hui devant moi comme
un chemin familier, comme le retour de l’homme qui s’en revient de guerre vers
sa maison. […] La mort est aujourd’hui devant moi comme le désir que l’on a de
revoir sa maison après que l’on a passé de nombreuses années en captivité.
Le chant du désespéré.
Egypte XX° AC
C’est Joseph Conrad qui écrivait
à un ami que la vie lui donnait l’impression d’être un rat aveugle dans un
coin, attendant de se faire assommer. Cette comparaison pourrait fort bien
s’appliquer aux tristes circonstances que nous connaissons tous.
Charlie Chaplin, Histoire
de ma vie. Angleterre XX°
Henri Verdoux : C’est l’approche de la mort qui terrifie.
La fille : Je suppose que si le non-né avait conscience de
l’approche de la vie, il serait tout aussi terrifié.
Charlie Chaplin, Monsieur Verdoux. Angleterre XX°
~ Tache de naissance. – Il
s’était proposé de leur servir d’exemple.
Harassé de leur monde,
Il laisse pousser la corne de sa sensibilité,
Il n’aspire plus qu’au confort de la mort.
~ Mort, tu nous étends sans nous diminuer. Droite somnambule que nos mères
voraces, conquises en leur grossesse, avaient léchée, me voici devant toi moins
inquiet que la paille. […] Mes yeux nouveaux d’éternité. Battez, billes de
sang, dans la fiente des nids.
René Char, Moulin premier. France XX°
~ L’optimisme des philosophies ne nous est plus suffisant.
~ Sur cette terre des périls, je m’émerveille de l’idolâtrie de la vie.
René Char, Le météore du 13 août. France XX°
~ Nul homme, à moins d’être un mort-vivant, ne peut se sentir à l’ancre en
cette vie.
~ L’histoire des hommes est la longue succession des synonymes d’un même
vocable. Y contredire est un devoir.
~ Le malheur se récompense souvent d’une affliction plus grande.
~ La douleur est le dernier fruit, lui immortel, de la jeunesse.
René Char, L’âge cassant. France XX°
Un couteau traînait, hasard ou bonheur.
L’homme se tua, liberté en main.
René Char, Huis de la mort salutaire. France
XX°
~ Supprimons les aides
familiales. Il ne faut évidemment pas que cette mesure soit rétroactive et
s’applique aux familles qui ont déjà pondu leur progéniture, mais il faut
déclarer qu’à l’avenir les familles ne toucheront plus un rond à chaque
nouvelle mise au monde.
~ Les allocations familiales ont
d’abord pour but d’encourager les Français à se multiplier. Un pays fort est un
pays qui a beaucoup de soldats à envoyer au front et beaucoup de main-d’œuvre à
envoyer dans les usines de canons. Tu ponds pour la France, tu as une prime.
L’État a mené et mène encore une politique nataliste. Tous les ans, lorsque la
presse annonce que la France est le deuxième pays de l’Union européenne
derrière l’Irlande pour son taux de natalité, on est prié de se réjouir, on est
prié d’être fier.
~ Aujourd’hui, pourquoi l’État
devrait-il poursuivre sa politique nataliste? Quel avantage pour la France
d’avoir une armée de chômeurs? Et puis est-il légitime que l’État secoue la
braguette de ses citoyens pour les pousser à croître et à multiplier ? Depuis
des siècles, l’Église, relayée par la République, bourre le crâne du peuple
afin qu’il se persuade qu’il n’y a rien de plus beau que de donner la vie. Il
est temps de résister à ce conditionnement imbécile.
Charb (Stéphane Charbonnier), La
politique du zéro enfant (in Charlie
Hebdo, 02 avril 2013). France XXI°
Je ne fus né fors pour tout mal
avoir
Et soutenir les assauts de
fortune.
Qu’est-ce que bien ? Je ne le
puis savoir,
N’onques n’en eus ni n’ai joie
aucune.
Je fusse mieux tout mort cent fois
contre une
Que de vivre si douloureusement.
Alain Chartier, Ballades.
France XV°
Qu’est-ce que d’être mort ?
– que n’être plus au monde.
Avant que naître au monde,
enduriez-vous douleur ?
Ne point naître en ce monde,
est-ce quelque malheur ?
Jean-Baptiste
Chassignet, Le
mépris de la vie et consolation contre la mort. France XVII°
~ Veille aussi à ne point laisser de rejetons. La question de la
dépopulation est une de celles qui doivent te fournir les plus éloquentes
diatribes coram populo, mais te laisser
d’une indifférence absolue dans l’intimité de tes actes et de tes pensées. Que
t’importe, n’est-ce pas, que la France se dépeuple ou non ? « La
France se meurt ! » crient les pessimistes. Epargnez-lui donc,
Messieurs, votre discordant tumulte, et, pour rappeler une parole de Renan,
« laissez-la mourir en paix. » Ainsi, mon jeune ami, tu seras
malthusien. Et tu obligeras tes maîtresses à être malthusiennes, sous peine de
déchéance immédiate.
~ Bon seulement à faire des enfants comme le premier charretier venu.
~ N’oublie pas, dans les bras charmants des amoureuses qui se donneront
exclusivement à toi, les élémentaires prescriptions de la bonne déesse
Stérilité.
~ Si quelque malchance te poursuivait ; si le hasard un jour lançait
[…] un spermatozoïde aveugle dans l’ovaire, alors, n’hésite point, mon cher
Catulle, conduis sur-le-champ ta maîtresse dans l’un de ces entresols
semi-obscurs où, pour une centaine de francs, une sage-femme bienveillante,
habile et d’une prudence éprouvée, délivrera ta maîtresse de l’occulte fruit du
péché, et toi-même de l’affreux cauchemar qui troublait tes nuits. D’aucuns
qualifieraient ces manœuvres d’abortives, toi, mon jeune ami, qui connaîtras
l’art des euphémismes, tu diras simplement à ta maîtresse que tu la fais soigner.
Henri Chateau, Manuel de l’arriviste. France
XX°
~ Le législateur des chrétiens naquit d’une vierge, et mourut vierge.
N’a-t-il pas voulu nous enseigner par là, sous les rapports politiques et
naturels, que la terre était arrivée à son complément d’habitants, et que, loin
de multiplier les générations, il faudrait désormais les restreindre ?
~ Hélas ! misérables insectes que nous sommes ! bourdonnant
autour d’une coupe d’absinthe, où par hasard sont tombées quelques gouttes de
miel, nous nous dévorons les uns les autres lorsque l’espace vient à manquer à
notre multitude. Par un malheur plus grand encore, plus nous nous multiplions,
plus il faut de champ à nos désirs. De ce terrain qui diminue toujours, et de
ces passions qui augmentent sans cesse, doivent résulter tôt ou tard
d’effroyables révolutions.
François-René,
vicomte de Chateaubriand, Le
génie du christianisme. France XIX°
Après le malheur de naître, je
n’en connais pas de plus grand que celui de donner le jour à un homme.
François-René,
vicomte de Chateaubriand, Mémoires
d’Outre-Tombe. France XIX°
Du temps que j’étais souris
blanche
je suis sorti de souricière
au jour perdu de ma naissance
mais je n’ai pas gagné au change
Achille Chavée, [Sans titre]. Belgique
XX°
Je suis […] l’enfant déshérité
qui n’aurait pas dû naître
Achille Chavée, Identité. Belgique XX°
Il vaut mieux n’être pas que
d’être misérable.
André Chénier, Premières poésies.
France XVIII°
– Normalement, il est interdit d’apporter sa boisson, dit le garçon à
la jeune femme qui allaite son bébé en terrasse. Elle se lève, furieuse, et
s’en va ! Encore un petit bonhomme dont l’enfance va être une fameuse partie de
rigolade.
Éric Chevillard, L'autofictif
(blog – billet du 29 mai 2012).
France XXI°
~ En faveur de la mort, nous dirons aussi qu’avant d’être finalement la
seule recevable, elle fut en toutes circonstances déjà la deuxième solution
possible.
~ Or cela est terrible : le visage du fou, dévoré de tics, défiguré
par l’angoisse, reflète en effet comme un calme miroir la réalité de ce monde.
~ Nous
mettons imperturbablement des bébés au monde sans ignorer pourtant que la vie
comporte des épisodes susceptibles de heurter la sensibilité des plus jeunes.
~ Il y
a tout de même des degrés dans notre contentement d’être au monde : la
mélancolie, la tristesse, la désolation, le désespoir.
Eric Chevillard, L’autofictif au petit pois : journal
2013-2014.
France XXI°
~ Joie des êtres qui vont à la
mort. Emotion, souffrance, tristesse : derrière eux ne reste qu’une vie
fragile comme l’étincelle des pierres.
~ Le dernier écho de cette vie.
Sa résonance annonce la félicité délivrée du monde des douleurs.
~ Que peuvent la vie et le monde contre les
souffrances et pour l’amour ?
~ Il n’y a plus lieu de craindre
la mort.
Chikamatsu Monzaemon, Double
suicide d’amants à Sonezaki.
Japon XVIII°
Nous vivons la mort par
intermittence
Et la vie comme un contrat que
nous n’avons pas signé.
Abraham Chlonsky, Poèmes du long couloir.
Israël XX°
Il trouve une pucelle qui pleure
et crie, se désolant : « Hélas,
que je suis malheureuse ! Maudites l’heure de ma naissance et celle où je fus
engendrée ! »
Chrétien de Troyes, Perceval
ou le roman du Graal. France XII°
~ C’est la vie d’ici-bas, sur
laquelle j’aurais bien des larmes à verser.
~ La mort, pour dire la vérité,
nous détache des maux et non des biens.
~ Si l’attente et le désir nous
jettent dans l’anxiété, dans le tourment, dans l’angoisse, grands dieux, quelle
perspective heureuse que ce voyage au terme duquel il n’y aura plus trace de
souci ni d’inquiétude !
~ En réalité, la mort met un
terme à une vie de misère.
~ Voyons
d’abord la légende bien connue des fils d’une prêtresse argienne, Cléobis et
Biton. Comme chaque année, cette prêtresse devait être rituellement conduite,
en char, à date fixe, jusqu’à un sanctuaire éloigné de la ville, pour un
sacrifice. L’attelage tardant à venir, les deux jeunes gens dont je viens de te
parler se déshabillèrent, se frottèrent le corps d’huile et s’attelèrent au
char ; c’est ainsi que la prêtresse, conduite par ses deux fils, parvint
au sanctuaire, et l’histoire nous dit qu’elle demanda pour eux à la déesse, en
récompense de leur piété, le plus grand bonheur qu’un être humain puisse
recevoir d’un dieu. Après avoir participé au festin avec leur mère, ils partirent
se coucher. Au matin, on les retrouva morts. Il en fut de même pour Trophonios
et Agamède. Architectes du temple d’Apollon, à Delphes, ils vinrent l’adorer et
lui demandèrent un salaire à la mesure de l’ouvrage et de leur peine, soit,
sans autre précision, le plus grand bien pour un être humain. Apollon leur
laissa entendre qu’il le leur donnerait trois jours plus tard ; lorsque ce
jour se leva, on les retrouva morts.
~ On raconte
aussi une anecdote à propos de Silène, prisonnier de Midas, voici comment il le
remercia de l’avoir libéré : il lui expliqua que le tout premier bonheur
était, pour l’homme, de ne pas naître, et le second celui de mourir.
~ Trouver des remèdes aux
douleurs, aux terreurs, aux passions. C’est l’objet essentiel de toute la
philosophie.
Cicéron, Tusculanes. Rome I° AC
Nous éprouvons qu’en ce monde
ténébreux l’homme vit dans la douleur et l’angoisse et que le sort l’entraîne
en mille adversités ; ô bienheureuse l’âme qui laisse un tel fardeau et
s’en va vers le ciel.
Cino da Pistoia, [Consolation à Dante]. Italie XIV°
Source : Thérèse
Labande-Jeanroy, La poésie italienne
avant Pétrarque, Paris, 1929
Le monde entier me cause ennui et
répugnance. « Quelle chose donc te plaît ? » Je te
réponds : « C’est de voir les hommes, en foule, s’entr’égorger. »
[…] Je voudrais assembler un beau cortège de plaintes et donner la mort au
monde entier par cette pensée où je trouve moi-même la mort.
Cino da Pistoia, [Férocité]. Italie XIV°
Source : Thérèse
Labande-Jeanroy, La poésie italienne
avant Pétrarque, Paris, 1929
~ Il importe de décourager la
génération, la crainte de voir l’humanité s’éteindre n’ayant aucun
fondement : quoi qu’il arrive, il y aura partout assez de niais qui ne
demanderont qu’à se perpétuer, et, si eux-mêmes finissaient par s’y dérober, on
trouvera toujours, pour se dévouer, quelque couple hideux.
~ Ce n’est pas tant l’appétit de
vivre qu’il s’agit de combattre, que le goût de la « descendance ».
~ Les parents, les géniteurs,
sont des provocateurs ou des fous. Que le dernier des avortons ait la faculté
de donner vie, de « mettre au monde », - existe-t-il rien de plus
démoralisant ?
~ Les femmes enceintes seront un
jour lapidées, l’instinct maternel proscrit, la stérilité réclamée.
~ Procréer, c’est aimer le fléau,
c’est vouloir l’entretenir et l’augmenter.
~ La médiocrité de mon chagrin
aux enterrements. Impossible de plaindre les défunts ; inversement, toute
naissance me jette dans la consternation. Il est incompréhensible, il est
insensé qu’on puisse montrer un bébé, qu’on exhibe ce désastre virtuel et qu’on
s’en réjouisse.
E.M. Cioran, Le mauvais démiurge. Roumanie XX°
Et le soleil sourit pour indiquer
que la fin était heureuse,
Les nourrissons n’ont aucun motif
de pleur avant qu’ils ne meurent.
John Clare, Tombes de nourrissons.
Angleterre XIX°
~ Plût au ciel que je ne fusse pas né ! Plût au ciel que ce moment ne
fût pas venu, lorsqu’enfoncé dans le ventre jusqu’au menton je pendais dans le
monde par les pieds !
~ A quoi bon vivre ? Beaucoup qui rient nourrissent ce tremblement.
~ Il ne manque pas au Néant de se proclamer par une bouche qui puisse
dire : Je suis.
~ Rien n’est meilleur que le Néant.
Paul Claudel, La ville (1ère version). France XIX°
Décréter l’abolition des
naissances, on va tous crever, alors c’est péché d'enfanter. Parties de foot
obligatoires dans les écoles avec les fœtus avortés, j’imaginais déjà les
futures mères en train de s’enchaîner. Pour les petits enfants encore en vie,
et en codicille de notre politique familiale, une cartouchière de préservatifs
sera suspendue tous les ans autour de chaque sapin de Noël.
Guillaume Clémentine, Le
petit malheureux. France XX°
~ On peut
envisager l’anti-natalisme comme faisant partie d’une philosophie plus large,
décrite ici comme « réjectionnisme »,
qui trouve l’existence – directement ou indirectement, à savoir via la
procréation – profondément problématique et inacceptable.
~ Approuver l’existence revient à fermer les yeux sur le mal, voire à
encourager le mal, bien qu’involontairement. Il s’en suit que ceux qui
soutiennent et souscrivent à l’existence sont responsables, ne serait-ce
qu’indirectement, des crimes commis par l’humanité.
~ On ne peut considérer plus longtemps le natalisme comme un comportement
« naturel » qui ne requiert aucune justification. Pourquoi nous
souhaitons perpétuer l’existence humaine, malgré toutes les souffrances de
celle-ci, exige une réponse claire et rationnelle plutôt qu’une réponse
incohérente ou conventionnelle.
~ La procréation implique l’asservissement d’autrui.
~ Le « réjectionnisme » émet une double objection contre l’entreprise
de la procréation. Elle enrôle de force des êtres sensibles dans une vie de
contrariétés et de souffrances qui pourrait leur être épargnée. Deuxièmement,
elle perpétue le jeu inutile et absurde de l’existence.
~ Le principe sous-jacent au « réjectionnisme » est qu’il est mal
de soumettre un être sensible à la douleur et à la souffrance si cela peut être
évité, ce qui peut être accompli en s’abstenant de procréer.
~ L’anti-natalisme [est] une approche
philosophique qui rejette la procréation dans le but d’empêcher la souffrance.
~ Le « réjectionnisme » est un point de vue
philosophique qui s’oppose à l’existence. Il trouve que la vie est
intrinsèquement et profondément défectueuse en de multiples façons. Tout
d’abord et surtout, la vie inflige une quantité excessive de douleur et de
souffrance ; ensuite, elle est totalement inutile en ce qu’elle est sans
aucun but ni finalité en tant que telle hormis sa propre perpétuation.
Troisièmement, l’existence humaine est particulièrement condamnable en ce
qu’elle inflige la vie consciemment à
des êtres sensibles innocents, à savoir les enfants, qui n’ont pas demandé à
voir le jour et sont donc victimes d’un enrôlement forcé dans le processus
inutile de la naissance [et] de la mort. Massacrer et manger des animaux, ainsi
que les soumettre à des cruautés de toutes sortes, est un autre trait de
l’existence humaine. Le
« réjectionnisme » porte sur le rejet moral et métaphysique de
l’existence pour ces raisons. La principale conséquence du « réjectionnisme » moderne et
laïc est l’abstention de la procréation. Un autre nom pour le
« réjectionnisme » pourrait donc être anti-natalisme philosophique.
~ Le nihilisme est une croyance,
si l’on peut ainsi le décrire, qui ne croit en rien. Il n’épouse aucune valeur.
Le « réjectionnisme », en
revanche, est avant tout motivé par la compassion pour tous les êtres vivants
et leurs souffrances.
~ On peut considérer le « réjectionnisme » comme optimiste dans
la mesure où il maintient l’espoir de libérer les êtres humains de
l’asservissement à la nature, du mal de l’existence et de l’immoralité de la
procréation.
~ La procréation impose l’existence à des êtres qui n’ont pas choisi de
naître. Elle équivaut à une forme d’esclavage ou de conscription, ce qui est un
acte immoral comptant deux chefs d’accusation : violer l’autonomie d’un
être potentiel, et l’exposer à la douleur et à la souffrance.
Ken Coates, Anti-natalism : rejectionist philosophy from
Buddhism to Benatar. Angleterre XXI°
~ La torture mentale infligée par ma mère a atteint son maximum. […] J’ai
alors décidé qu’avant le mois suivant, je ne resterais plus seulement assis sur
le toit en songeant à sauter, j’allais vraiment me tuer.
~ J’aime pratiquer des incisions dans le ventre des nourrissons, et baiser
les plaies jusqu’à ce que l’enfant meure. […] J’aime assassiner, de deux maux,
le moindre et le plus grand. J’aime mettre Dieu en accusation. J’aime avorter
le Christ.
~ Lois sur la Procréation Obligatoire. Traînez-moi
en justice. Avortement obligatoire. Vaccinations refusées. […] Balance
des œufs sur ton ennemi. Des fœtus symboliques de poulet sur les
anti-avortement.
~ Le plus beau jour que j’aie jamais vécu est celui où le lendemain n’est
jamais venu.
~ Venez vous pendre au cordon ombilical.
~ Ce bref arrêt au stand qu’on appelle la vie, dont nous nous préoccupons
si intensément, n’est rien d’autre qu’un petit week-end passé en prison,
comparé à ce qui viendra avec la mort.
~ Vous n’avez pas réussi à conditionner la jeunesse souterraine que vous
avez engendrée. Vous-mêmes auriez dû rester sur des kleenex, ou sous la forme
d’œufs brouillés ou pochés de sperme neutralisé.
~ Cet album est dédié à ceux de nos parents qui sont morts. Ils sont en
sécurité, bien au chaud et sourient avec bonheur.
~ Je me déteste et je veux mourir. Foutez-moi la paix.
Kurt Cobain, Journal. Etats-Unis XX°
~ J’ai traversé des périodes
tellement insupportables que la mort me semblait quelque chose de délicieux.
[…] Vivre me déroute plus que mourir.
~ « Je sens une difficulté
d’être » [soupirait Fontenelle au moment de mourir], seulement la sienne
est de la dernière heure, la mienne date de toujours.
Jean Cocteau, La difficulté d’être.
France XX°
Mon cœur ralenti fut simplement
triste, quand pour la première fois
J’examinai le visage de la faible
enfance :
Car obscurément sur mon esprit
pensif fit irruption
Tout ce que j’avais été, et tout
ce que mon enfant pourrait être !
Samuel
Taylor Coleridge, A un
ami qui me demanda comment je me sentis lorsque la nourrice me présenta pour la
première fois mon enfant. Angleterre XVIII°
~ Nous pouvons nous demander pour
la première fois : « Pourquoi ai-je des enfants ? Pourquoi
est-ce que je veux mettre des enfants au monde ? ». Par devoir ?
Mais d’où me vient ce devoir ? Et subsiste-t-il dans un monde
surpeuplé ?
~ Si l’on interroge encore
aujourd’hui la non-maternité : « Pourquoi n’avez-vous pas
d’enfants ? », le temps viendra, est venu, d’interroger la
maternité : « Pourquoi avez-vous des enfants ? »
~ Etre mère, ce n’est pas
contrebalancer le pouvoir du père ou de la société masculine, mais le
renforcer.
Françoise Collin (fondatrice des Cahiers du Grif). Belgique XX°. Extraits
d’un texte publié in Les enfants des femmes (Les Cahiers du Grif, 1992)
La sacralisation au moins idéologique de la maternité a souvent été un
moyen habile de maintenir les femmes dans leur asservissement. Les politiques
fasciste et nazie ont tout particulièrement exploité cet argument.
Extrait d’un texte collectif
non signé (Introduction) in Les enfants des femmes. (Les
Cahiers du Grif, 1992)
~ Comme nous sommes malheureux,
nous autres, les petits garçons. Tout le monde nous gronde, tout le monde nous
sermonne, tout le monde nous donne des conseils.
~ « Ce pays n’est pas fait
pour moi ! Je ne suis pas né pour travailler. » En attendant, la faim
le tourmentait car il y avait bien vingt-quatre heures qu’il n’avait rien
mangé.
~ Depuis que je suis au monde, je
n’ai jamais eu un quart d’heure de bien-être.
Carlo Collodi, Les aventures de Pinocchio.
Italie XIX°
~ Il y a des gens qui ont des
enfants parce qu’ils n’ont pas les moyens de s’offrir un chien.
~ Si vous ne voulez pas être
malade, si vous ne voulez pas mourir, le mieux, c’est encore de ne pas naître.
Avec la capote Nestor, je ne suis pas né, je ne suis pas mort.
Coluche, Pensées et anecdotes. France XX°
Il n’y a pas de plus sombre
ennemi de l’art véritable que le landau dans le vestibule.
Cyril Connolly, Ce qu’il faut faire pour ne plus
être écrivain. Angleterre XX°
Il y a – disons – une machine. Elle a évolué
d’elle-même (je suis sévèrement scientifique) à partir d’un chaos de débris de
fer et regarde ! – elle tricote. Je suis horrifié par cet horrible travail et
en reste épouvanté. […] La pensée la plus flétrissante est que cette chose
infâme s’est faite d’elle-même : faite d’elle-même sans pensée, sans
conscience, sans prévoyance, sans yeux, sans cœur. C’est un tragique accident –
et il s’est produit. On ne peut pas le contrecarrer. La dernière goutte
d’amertume réside dans le soupçon qu’on ne peut même pas fracasser cette
machine. […] Elle nous tricote dedans et elle nous tricote dehors. Elle a
tricoté le temps, l’espace, la douleur, la mort, la corruption, le désespoir et
toutes les illusions – et rien n’a d’importance.
Joseph Conrad, Lettre à Cunninghame Graham (1897).
Pologne XIX°
~ Je comprends mieux le sens de son regard, qui […] était assez
large pour embrasser tout l’univers, assez perçant pour pénétrer tous les cœurs
qui battent dans les ténèbres. Il avait résumé – il avait jugé : « L’horreur
! »
~ Il ne voulait rien de plus que
la justice – rien de plus que la justice. […] Il semblait me regarder fixement […] avec ce large et immense regard
embrassant, condamnant, exécrant tout l’univers. Il m’a semblé entendre le cri
murmuré : « L’horreur !
L’horreur ! ».
Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres. Pologne XIX°
~ Un psychologue me raconta qu’un
garçon enfermé en ce moment dans une prison psychiatrique avait coupé la tête
de sa mère et l’avait rôtie au four. Mes réflexions sur l’affaire : il
avait peut-être faim.
~ Billie, huit ans, après une
visite chez ses grands-parents à New-York : « Ils me torturent en me
gavant de nourriture. »
David Cooper, Mort de la famille.
Etats-Unis XX°
« Je n’ai pas été une bonne
mère », dit [Guenièvre] de manière inattendue. [...] « Je n’aime même
pas être une mère », admit-elle. « Ces [nonnes chrétiennes] vénèrent
toutes la maternité, mais elles sont toutes aussi sèches que des écales. Elles
pleurent sur leur Marie et me disent que seule une mère peut connaître la
véritable tristesse, mais qui veut connaître cela ? » Elle posa la
question farouchement. « C’est un tel gaspillage de vie ! » Elle était
amèrement en colère à présent. « Les vaches font de bonnes mères et les
brebis allaitent parfaitement bien, alors où est le mérite de la maternité ?
N’importe quelle fille stupide peut devenir mère ! La plupart ne sont capables
que de ça ! La maternité n’est pas un accomplissement, c’est une fatalité
! » Je vis qu’elle pleurait malgré sa colère. « Mais c’est tout ce
qu’Arthur a jamais voulu que je sois ! Une vache qui allaite ! »
Bernard Cornwell, Excalibur
: A Novel of Arthur. Angleterre XX°
Un des
plus clairs effets de la présence d’un enfant dans le ménage est de rendre
complètement idiots de braves parents qui, sans lui, n’eussent peut-être été
que de simples imbéciles.
Georges Courteline, La philosophie de Georges Courteline.
France XX°
Les enfants, c’est un peu
l’éternité à portée des caniches de l’oppression. […] Je ne répondrai pas à la
tyrannie de l’espèce. Et je ne procréerai pas pour prendre ma revanche sur le
sort. La vie est ailleurs.
Sylvain Courtoux, Still
Nox. France XXI°
Nous périrons sous les berceaux. Nous sommes le
cancer de la Terre ; la pullulation de l’espèce humaine est responsable d’une
pollution ingérable par la nature. Cela est tellement évident qu’on se demande
de quel aveuglement sont frappés nos dirigeants.
Jacques-Yves
Cousteau. France XX°. Cité
in : Jacqueline Bousquet et Sylvie Simon, Le réveil de la
conscience.
Dans la Consolation de Crantor, un certain Elysius de Térina, profondément
touché par la mort de son fils, était allé demander, en un lieu où l’on évoque
les âmes, la raison d’un si grand malheur ; on lui remit les trois petits
vers que voici :
Les êtres à l’esprit faible errent dans l’existence ;
Euthynous est entré dans la mort par volonté divine,
Sa fin est un bienfait et pour lui et pour toi.
[Crantor, Consolation] Grèce IV° AC. Extrait
de : Cicéron, Tusculanes.
~ Ma mère et moi, dis-je assez drôlement, nous ne sommes pas nés pour nous
comprendre.
~ La vie n’est pas du tout ce que vous pouvez croire
Un ouvrage très simple où tout a son histoire. […]
Vous ne saurez pas plus pourquoi vous êtes triste
Que vous ne saurez l’heure où naquit votre ennui.
Las de chercher le jour, vous goûterez la nuit. […]
Il vous faudra toujours vous lever de vos sièges
Gagner d’autres chagrins, vous prendre à d’autres pièges. […]
Il vous faut acquérir le pain quotidien
D’une existence dont il ne vous faut plus rien. […]
Laissez-vous porter jusqu’aux confins
Où l’être s’abolit et renonce à ses fins. […]
Les jours s’en vont et seul l’ennui ne s’en va pas. […]
On a beau dire et faire agir et puis penser
On est le prisonnier de ce monde insensé.
~ La vie n’a pas de solution.
~ Si toutes les locomotives du monde se mettaient à siffler ensemble, elles
ne pourraient pas exprimer ma détresse.
~ Mon pauvre Gorve – Pourquoi m’appelles-tu pauvre ? – Parce que tu es
au monde.
~ Intoxication de l’amour semblable à celle du tabac – être assimilé à une
cigarette […] par moments, je voudrais voir les mères laisser tomber leurs
bébés […] un père et une mère, quelle tache !
~ Ce que je souffre n’a plus d’expression dans le langage humain. […] La
seule vue des hommes me fait souffrir.
~ Je ne peux plus regarder une étoile ou lire un livre sans que l’horreur
m’envahisse. […] Je ne fais que penser au suicide.
~ Que la vie est horrible. [...] Adieu, adieu, adieu. Tout, tout. La vie
est atroce.
Arthur Cravan, Œuvres : poèmes, articles, lettres.
Angleterre XX°
Tout le
monde souffre, et tout le monde meurt. Ce qui change quand vous éliminez le
facteur procréatif ? La souffrance et la mort humaine cessent avec la mort
du dernier homme ou de la dernière femme. La procréation est à la fois
l’initiatrice et la prolongatrice de la maladie, de l’oppression, de la famine,
de la guerre et de la mort.
Jim Crawford, Confessions of an antinatalist. Etats-Unis
XXI°
Nous
sommes amenés, suivant le degré de notre tempérament, au désir du sommeil ou de
la mort et, à force d'ardeur, souhaitons la minute qui nous libérera d'une
existence que nous ne savons ordonner. Toute la vie, ainsi, rôderons-nous
autour du suicide dont les législateurs ont fait un péché pour que ne soit pas
désertée la terre.
René Crevel, Mon corps et moi. France
XX°
La Mort nous propose un jeu que nous devons perdre, et vite, mais nous
ordonne de nous lever et de nous battre, puis tourne en dérision notre vain
courage. Le seul pouvoir que nous ayons peut-être contre la Mort est de ne pas
nous reproduire, de ne pas lui fournir davantage de chair innocente.
Quentin S. Crisp, The psychopomps. Angleterre XXI°
~ J’ai commencé à cultiver la conviction de plus en plus forte […] que
faire des enfants est une chose pire que le meurtre. Le meurtre est le raccourcissement
d’une vie qui aurait de toute façon pris fin ; faire un enfant crée une mort
qui aurait pu ne pas avoir lieu.
~ De mon très personnel « souhait de ne pas être né » à un
universel « l’humanité n’aurait jamais dû naître », et même au-delà –
il y a, je crois, quelque chose d’opportunément actuel. Nous sommes entrés dans
une ère de surpopulation, de changements climatiques, de catastrophes
nucléaires, d’inégalités sociales croissantes, de surveillance qui augmente
jusqu’à l’omniprésence.
~ L’antinatalisme n’a rien à voir avec l’époque dans laquelle nous vivons. Il
y a des gens qui pensent qu’il est mal de faire des enfants parce que le monde
est surpeuplé, ou parce que l’environnement naturel est dévasté ; certains
sont inquiets pour le bien-être des générations futures, ou pour celui des
autres créatures, et certains le sont pour ces deux raisons, mais pour le
véritable antinataliste ce ne sont, au mieux, que des questions secondaires.
Pour une telle personne, les maux de l’existence humaine l’emporteront
toujours, de toute évidence, sur les biens. […] La mort est certaine, la douleur
tout autant, et le bonheur insaisissable. En outre, tous les immenses
efforts requis pour la perpétuation de l’espèce n’ont tout simplement aucun but
perceptible ou imaginable.
~ Pour nous qui vivons déjà, il
est sans doute trop tard pour éviter cette vie temporaire, absurde et
effrayante, mais nous pouvons l’éviter à d’autres en ne permettant pas que des
spermatozoïdes fécondent des ovules humains.
~ L’espèce humaine – comme
Kierkegaard en conviendrait sans aucun doute – est déjà dans le désespoir :
nous devons juste supprimer le déni. Et à cette fin, l’antinatalisme pourrait
s’avérer être un médicament amer mais nécessaire. Je voudrais voir l’humanité
toute entière examiner minutieusement la question de savoir si l’espèce doit ou
non continuer à se perpétuer.
~ Je me trouve toujours dans une position d’antinatalisme philosophique
personnel, dans la mesure où je ne peux pas comprendre la décision consciente
de faire des enfants. Si un enfant, de l’existence duquel je serais
responsable, devait me demander pourquoi il est là, ce qui se passe après la
mort, si je peux lui garantir qu’il ne subira pas un sort aussi atroce que
celui que Furuta Junko a subi en 1988, que répondrais-je ? Pour moi, le
fait que je n’aie pas de réponses qui ne soient ni conjectures, ni dérobades,
ni dogmes, indique que le fait de faire des enfants est égoïste et cruel.
~ L’ efilism – qui provient du
mot life [vie] écrit à l’envers – est
une position plus radicale que l’antinatalisme standard. Il traduit la
conviction que s’il y avait un
bouton rouge qui pourrait instantanément éliminer toute vie sensible – humaine,
animale et extraterrestre – alors, le choix moral serait de le presser
immédiatement.
~ Imaginons que l’espèce humaine soit spontanément capable, avec une
multilatérale bonne volonté, de se mettre d’accord sur quelque chose, et que ce
quelque chose soit d’arrêter à jamais la reproduction de l’espèce. […] Pensez
tout d’abord à ceci : ce ne serait pas une défaite, mais la victoire suprême. Nous retournerions les tables sur toutes
choses. Nous serions en grève – en grève contre l’univers, le destin, la vie et
Dieu. […] Si la mort signifie l’oubli, nous menons des vies de crainte et
d’absurdité ; s’il y a une vie après la mort, nous sommes élevés comme du
bétail, pour des raisons que nous ne comprenons pas, à travers les cieux et les
enfers. Alors, ne fournissons plus d’agneaux pour l’abattage. Dans l’état
actuel des choses, nous sommes comme des gladiateurs jetés dans l’arène de Dieu,
et punis parce que nous combattons pour survivre. Cessons donc de combattre, et
crachons plutôt au visage de Dieu. Un Dieu bon nous pardonnera ; un Dieu
mauvais ne deviendra jamais bon. Mettons ainsi fin à la grande énigme sans
réponse, déchirante et culpabilisante. Si nous devons ne jamais être assez bons
pour un parent céleste, ainsi soit-il. Prononçons à l’unisson les mots
interdits : nous n’avons pas demandé à naître.
Quentin S. Crisp, Antinatalism – A thought experiment.
Angleterre XXI°
Maintenant je sais que
je suis enceinte. Ca ne se voit pas encore. Après m’avoir violée, ils m’ont
fait prendre des pilules, mais ce devait être trop tard. Je suis condamnée à
donner naissance à une nouvelle vie, mais d’abord je vais essayer de mettre fin
à la mienne afin d’épargner cet enfant.
David Cronenberg, Les promesses de l’ombre. Canada
XXI°
Nous
qui naissons pour être en butte à tant d’épreuves et de combats. […] Toute
notre existence doit s’écouler dans la tristesse et les gémissements. […] C’est
pour cela que l’enfant, sortant du sein maternel, inaugure par des larmes son
entrée dans ce monde. Tout lui est alors inconnu, excepté les pleurs. Un
instinct naturel lui fait pressentir les épreuves de la vie ; et, sur le
point d’affronter les fatigues et les orages, cette âme, encore neuve, s’abandonne
aux larmes et aux gémissements.
Saint Cyprien de Carthage, Du bien de la patience. Rome III°
~ Je
voudrais bien savoir si vos parents songeaient à vous quand ils vous firent ?
Hélas, point du tout ! et toutefois vous croyez leur être obligé d’un
présent qu’ils vous ont fait sans y penser.
~ Ainsi
peut-être vous n’êtes non plus redevable à votre père de la vie qu’il vous a
donnée, que vous le seriez au pirate qui vous aurait mis à la chaîne, parce
qu’il vous nourrirait. Et je veux même qu’il vous eût engendré prince, qu’il
vous eût engendré roi ; un présent perd son mérite, lorsqu’il est fait
sans le choix de celui qui le reçoit.
~ Votre
père consulta-t-il votre volonté lorsqu’il embrassa votre mère ? Vous
demanda-t-il si vous trouviez bon de voir ce siècle-là, ou d’en attendre un
autre ? Si vous vous contenteriez d’être fils d’un sot, ou si vous auriez
l’ambition de sortir d’un brave homme ? Hélas ! vous que l’affaire concernait
tout seul, vous étiez le seul dont on ne prenait point l’avis ! Peut-être
qu’alors, si vous eussiez été enfermé autre part que dans la matrice des idées
de la nature, et que votre naissance eût été à votre option, vous auriez dit à
la Parque : « Ma chère
demoiselle, prends le fuseau d’un autre ; il y a fort longtemps que je
suis dans le rien, et j’aime encore mieux demeurer cent ans à n’être pas, que
d’être aujourd’hui pour m’en repentir demain ! » Cependant il vous fallut passer par là ;
vous eûtes beau piailler pour retourner à la longue et noire maison dont on
vous arrachait, on faisait semblant de croire que vous demandiez à téter.
Cyrano de Bergerac, L’Autre Monde. France XVII°
Nous
avons entendu : « Pauvre
enfant… il sourit… il ne sait pas ce qui l’attend : je n’aurais jamais dû
le mettre au monde. » 30 à 40 % des jeunes mères donnent cette
interprétation anxieuse.
Boris Cyrulnik, Sous le signe du lien. France XX°
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