But de ce blog


Le refus de procréer étant encore un tabou volontiers passé sous silence par les médias dominants, ce blog a pour vocation de montrer que le non-désir d’enfant ou le dégoût d’être né sont en réalité des invariants anthropologiques qui se manifestent à toute époque à travers les œuvres littéraires, philosophiques et même religieuses. Ainsi le but de tout bouddhiste est-il de sortir à jamais du cycle des naissances… Pour paraphraser le VHEMT : Puissions-nous rire longtemps et disparaître !

23 juin 2012

Lettre D


Dalaï-Lama : voir Tenzin Gyatso


~ Dans la lutte pour la vie celui qui est à bout de souffle, à bout d’arguments, à bout de moyens et à bout de tout n’est heureusement et par contre pas au bout de ses peines.
~ Celui qui, dans la vie, est parti de zéro pour n’arriver à rien dans l’existence n’a de merci à dire à personne.
Pierre Dac, Les pensées. France XX°


~ Nous n’avons pas d’enfants. Je ne le regrette pas. […] Je ne tiens pas à ce qu’il y ait des êtres qui portent mon nom. Je ne souhaite pas transmettre du Dali. Je veux que tout se termine avec moi.
~ Je trouve affreux et angoissants les nouveau-nés et les très jeunes enfants avec leur petit corps et leur énorme tête. Ils ressemblent à la fois à l’embryon qu’ils furent et aux vieillards qu’ils deviendront, et tout ce qui évoque l’origine ou la fin me cause un malaise insupportable.
Salvador Dali, Pensées. Espagne XX°


Et ma pensée cruelle amasse
Tant de peine en mon coeur
Que je dis à mon âme : « Pourquoi
Ne pas quitter ce monde plein d’ennui,
Où tu vivras chargée
De tant de maux qui me font peur ? »
D’où j’appelle la Mort,
Mon tendre et doux repos,
Je lui dis : « Viens à moi », d’un tel amour
Que ceux qui meurent me font envie.
Dante Alighieri, Vita nuova. Italie XIII°

Elles blasphémaient contre Dieu et leurs parents,
Contre l’espèce humaine et le lieu et le temps et la semence
De leur lignée et de leur naissance.
Dante Alighieri, Divine comédie. Italie XIV°


Pourquoi la maternité rend-elle niais ? Vous m’avez épargné, Seigneur, de rentrer dans l’immense cohorte des connasses en gésine qui ne cessent d’essorer de la pisse que pour torcher de la merde ! Elles pondent à grands cris des anormaux qu’elles prennent ensuite pour des chefs-d’œuvre en vie ! Mes flancs ont reçu une folle quantité de semence, Seigneur, sans qu’il en ait résulté le moindre fruit. Grâce Vous en soit rendue ! Votre infinie bonté m’aura permis de conserver à tout jamais cette véritable virginité d’une femme : la stérilité !
Frédéric Dard alias San-Antonio, La vieille qui marchait dans la mer. France XX°


La première moitié de notre vie est gâchée par nos parents et la seconde par nos enfants.
Clarence Darrow. Etats-Unis XX°. Cité in : Roland Jaccard, Dictionnaire du parfait cynique.

~ La non-existence est la plus tolérable de toutes les formes de la matière vivante.
~ La vie n’est pas digne d’intérêt […] c’est une désagréable interruption du non-être, et la meilleure chose que l’on puisse en dire est qu’elle ne dure pas longtemps.
~ La vie pour moi est une plaisanterie. C’est ainsi que je la conçois. C’est une horrible plaisanterie.
~ J’espère qu’après la mort je serai – j’allais dire heureux – mais j’espère ne pas être malheureux. […] J’espère être endormi, sans même rêver.
~ Pour moi, la vie est de peu de valeur. Je ne veux pas dire pour moi individuellement, mais telle que je vois la vie. Cette grande, cette insensée, cette gaspilleuse, cette cruelle reproduction de vie sur la terre !
Clarence Darrow, Is life worth living ? Etats-Unis XX°


Je ne cherche plus les cris triomphaux car je sais
que pour chaque cellule qui divise ma vie,
pour le plaisir mauvais qui l’engendra
je dois une rançon de douleur infinie.
René Daumal, A la Néante. France XX°


L’anniversaire de naissance n’est en somme que la commémoration de la farce sinistre que nous ont faite nos parents en nous mettant au monde.
Alexandra David-Néel, Correspondance avec son mari (24 octobre 1904). France XX°


~ Nous sommes des machines à survie, des robots programmés à l’aveugle pour préserver les molécules égoïstes connues sous le nom de gènes.
~ C’est une simple vérité logique que, faute d’une émigration massive dans l’espace, avec des fusées décollant à un rythme de plusieurs millions par seconde, des taux de natalité incontrôlés ne peuvent que conduire à des taux de mortalité horriblement élevés. Il est difficile de croire que cette simple vérité ne soit pas comprise par ces dirigeants qui interdisent à leurs partisans d’utiliser des méthodes de contraception efficaces. Ils expriment une préférence pour des méthodes « naturelles » de limitation de la population, et une méthode naturelle est exactement ce qu’ils vont obtenir. Elle s’appelle famine.
Richard Dawkins, The selfih gene. Angleterre XX°

La quantité annuelle totale de souffrance dans le monde naturel défie toute décente contemplation. Durant la minute qu’il me faut pour composer cette phrase, des milliers d’animaux sont mangés vivants, beaucoup d’autres, gémissants de peur, fuient pour sauver leur vie, d’autres sont lentement dévorés de l’intérieur par de térébrants parasites, des milliers de toute espèce meurent de famine, de soif ou de maladie. Il doit en être ainsi. S’il y a jamais une période d’abondance, ce seul fait conduit automatiquement à une augmentation de la population jusqu’à ce que l’état naturel de famine et de misère soit restauré. Dans un univers d’électrons et de gènes égoïstes, d’aveugles forces physiques et de réplication génétique, certaines personnes seront blessées, d’autres auront de la chance, et vous ne trouverez ni rime ni raison à cela, ni la moindre justice. L’univers que nous observons a précisément les propriétés auxquelles nous devrions nous attendre s’il n’y a, à la base, aucun dessein, aucun but, ni mal, ni bien, rien d’autre qu’une impitoyable indifférence.
Richard Dawkins, River out of Eden : a darwinian view of life. Angleterre XX°

Je ne puis me convaincre, écrivait Charles Darwin, qu’un Dieu bienveillant et omnipotent puisse avoir créé à dessein l’Ichneumon avec l’expresse intention qu’il se nourisse du corps toujours vivant des chenilles. […] La véritable fonction d’utilité de la vie, ce vers quoi tout tend dans la Nature, c’est la survie de l’ADN. Or, celui-ci n’est pas libre : enfermé dans des organismes vivants, il doit employer au mieux les moyens d’action qui sont à sa disposition […] Ce principe, une fois reconnu, explique toute une série de phénomènes qui, autrement, seraient déconcertants. Notamment les combats coûteux en énergie et souvent risibles des animaux mâles pour attirer les femelles. […] On explique facilement ces comportements quand on considère la sélection naturelle du point de vue des gènes et non plus uniquement dans l’optique de la survie et de la reproduction des individus. […] Pour en revenir à notre début pessimiste, l’optimisation de la survie de l’ADN n’est pas une recette de bonheur. Du moment que l’ADN est transmis, il lui importe peu que sa transmission se fasse au détriment de quelqu’un ou de quelque chose. Les gènes ne se préoccupent pas de la souffrance, parce qu’ils ne se préoccupent de rien.
Richard Dawkins, God's utility function. Extracts from Scientific American, pp.80-85 (november 1995 article by Richard Dawkins adapted from a chapter of River out of Eden : a darwinian view of life). Angleterre XX°


~ Pour moi, la vie humaine est sans but.
~ Si la coupe de mes souffrances a été si désespérément lourde, je me demande si la faute n’en est pas à mon père. Je suis complètement découragé. J’ai perdu jusqu’à la force de souffrir.
~ Jusqu’ici, j’ai vécu dans l’enfer. Dans le monde des humains, c’est la seule chose qui me semble vraie.
Dazaï Osamu, La déchéance d’un homme. Japon XX°


– Parce que vous méprisez aussi l’amour et la maternité, Dr Kraps…
– Dites plutôt la reproduction, Ms Reed. Parce que, nonobstant la nauséeuse propagande du courrier du cœur, nous sommes là dans l’animalier, le bovin, l’aveuglement phylogénétique… Il suffit d’observer l’effarante irrationalité dont nos semblables font preuve lorsqu’ils procréent pour s’apercevoir que, loin de choisir, les malheureux, dans leur immense majorité, ne font tout au plus qu’obéir à des pulsions d’un archaïsme à peu près aussi réfléchi que celui qui régit la reproduction collective et réflexe du corail. […] Et cette obscène fierté des femmes enceintes… Comme si, en se faisant engrosser, elles avaient, contre toute attente, accompli je ne sais quel exploit…
Patrick Declerck, Garanti sans moraline. Belgique XXI°


Je ne trouve en moi que le néant, et il est aussi mauvais de trouver le néant en soi, qu’il serait heureux d’être resté dans le néant.
Madame du Deffand, Lettre à Horace Walpole (26 juin 1768). France XVIII°

~ Il n’y a, à le bien prendre, qu’un seul malheur dans la vie, qui est celui d’être né. Il n’y a aucun état, quel qu’il puisse être, qui me paraisse préférable au néant. […] Il vaudrait mieux n’être pas né.
~ Toutes les conditions, toutes les espèces me paraissent également malheureuses, depuis l’ange jusqu’à l’huître. Le fâcheux, c’est d’être né.
Madame du Deffand, Lettres à Voltaire. France XVIII°


Les centaines de millions de morts à la guerre n’ont pas seulement perdu la vie pour rien mais auraient beaucoup mieux fait de ne pas être nés pour vivre comme ils l’ont fait.
Robert Dehoux, Merde alors, quelle Histoire ! Belgique XX°


~ Accoucher : participer au rayonnement de la connerie.
~ Avortement : solution aux problèmes de surpopulation.
~ Berceuse : chansonnette pour tenter d’enfin faire taire ce petit con.
~ Cheptel : descendance d’un con particulièrement fécond.
~ Dépeupler : essayer d’éradiquer la connerie.
~ Ecologie : science qui vise stupidement à vouloir nous faire durer.
~ Fuguer : comprendre enfin qu’on n’a pas choisi ses parents.
~ Mort-né : petit veinard.
~ Naissance : point de départ de tous les problèmes, dont la connerie.
Eric Dejaeger, Lexique d’anthropoclastie. Belgique XXI°


~ Je suis lasse, voyez-vous. Légion, vous êtes légion. Croissez multipliez, vous êtes esclave d’un mythe qui se nourrit de viande et vous vous appliquez à produire des rôtis emmaillotés bien bleus. Femelle ou mâle, qu’importe, vous êtes tous responsables, parfaitement responsables de la situation.
~ Vous êtes une grande personne, un adulte responsable qui fait vœu de Famille, parent déjà ou en devenir, vous projetant comme. Un adulte responsable, 2,1 enfants par femme en France, crise socio-économique aiguë, effondrement du marché financier mondial, cataclysme écologique planétaire, rumeur d’Apocalypse universelle. […] Ouvrez la bouche que j’y vomisse, ça vous aidera à avorter.
~ Excusez-moi, mais est-ce que vous pourriez cesser de vous reproduire ? Contrer la peur au ventre est tout ce qui vous occupe, le remplir d’embryons : un acte anxiolytique, pour un peuple qui ne survit que sous antidépresseurs. Votre vie est si vide et tellement inutile, plutôt que tenter de devenir quelqu’un vous vous illusionnez à renfort de transferts, jouant la natalité joker existentiel.
~ Je m’exige nullipare ; je n’ai jamais accouché, jamais je n’enfanterai.
~ Attendu que la France compte 500.000 orphelins. Attendu que la Terre compte 143 millions d’orphelins. Excusez-moi, mais est-ce que vous pourriez cesser de vous reproduire ?
Chloé Delaume, Une femme avec personne dedans. France XXI°


~ A mon avis, il ne faut pas avoir d’enfants, car j’observe dans le fait d’avoir des enfants beaucoup de risques considérables et beaucoup de soucis, pour un rendement faible, et sans consistance ni valeur.
~ Il faut prendre conscience que la vie humaine est fragile, éphémère et mêlée de nombreux soucis et ennuis.
Démocrite, Fragments. Grèce V° AC


Les deux taoïstes rappelèrent à Saihung que la chose la plus cruciale dans la vie était de mourir dans la spiritualité, de se fondre dans le Néant. Pour cela, on devait se libérer du cycle des réincarnations. Cela signifiait n’avoir absolument aucun lien terrestre. Le point important était que le fait d’avoir des enfants relie automatiquement l’individu au cycle des réincarnations. Comment pourrait-il en être autrement ? En transmettant ses gènes physiques et métaphysiques, on perpétue son karma sur Terre. C’est pour cela que les sages n’avaient pas d’enfants biologiques.
Deng Ming-Dao, Chroniques du Tao : la vie secrète d’un maître taoïste. Etats-Unis XX°


Pour limiter le réchauffement planétaire, il ne faut surtout pas retrouver la croissance que l’on a connue au cours du XXème siècle ni poursuivre le schéma démographique actuel. Pourquoi n’en parle-t-on pas ? Ces deux variables, qui accélèrent les émissions de gaz à effet de serre et le dérèglement climatique planétaire, sont les grands tabous de notre société... Chut , ne parlons pas de démographie. 82 millions : c’est le nombre de personnes supplémentaires chaque année sur la planète. C’est comme si un nouveau pays, plus peuplé que la France, apparaissait chaque année dans le monde. Des hommes et des femmes qu’il faudra nourrir, éduquer, soigner, faire travailler et, bien sûr, faire consommer. Pas besoin de lire les rapports internationaux pour comprendre que l’évolution démographique, c’est-à-dire le nombre d’humains sur la planète, est une composante majeure de l’enjeu climatique planétaire. Nous étions près de 2 milliards en 1930. Nous serons proches de 11,2 milliards en 2100, d’après les dernières prévisions – revues à la hausse – de l’ONU. Partout dans le monde, dans chaque pays que j’ai visité, la question démographique m’a frappé. Au Bangladesh, il y aura 40 millions d’habitants supplémentaires d’ici à 2050. En Ethiopie, la population va presque doubler sur la même période. La transition démographique des pays en voie de développement doit être, dès aujourd’hui, la priorité absolue si l’on veut améliorer le développement social humain au niveau local et limiter le réchauffement au niveau planétaire. Mais chut, n’en parlons pas. […] En France, dans notre propre pays, nous serons bientôt 12 millions de Français supplémentaires d’ici à 2060. Ce n’est pas raisonnable ! Sachant que le mode de vie à la française est l’un des plus incompatibles au monde avec la stabilité du climat. […] Mais chut, ne parlons pas de démographie en France, c’est un sujet tabou...
Gaël Derive, COP21 : « Ne me parlez pas de croissance ni de démographie ! » (article publié sur le site Le Point, 19 novembre 2015). France XXI°


~ Naître, cette diablerie.
~ Je ne serai jamais un homme de l’être.
~ On n’a pas assez d’une vie pour digérer sa naissance.
~ Mourir sur la croix est une sinécure en regard de ce qui échoit à beaucoup d’êtres humains.
~ Surpopulation dans les prisons, aussi dans les crèches. Vases communicants.
Pierre Desagre, Dieu est belge. Belgique XX°


Je hais mes jours et ma vie dolente,
Et ainsi maudis l’heure que je fus né,
Et à la mort humblement me présente
Pour les tourments dont je suis fortuné.
Je hais ma conception
Et ainsi maudis la constellation
Où Fortune me fit naître d’abord,
Quand je me vois de tous maux cohéritier.
Eustache Deschamps, Ballade de la vie dolente. France XIV°


Enfin mourront les nourrissons braillards.
Robert Desnos, Vie d’ébène. France XX°


C’est pas ça, copine… l’adoption, la PMA, le mariage – je suis contre pour tout le monde. Je suis favorable à la stérilisation de l’ensemble de la population, dès la puberté. On est sept milliards. Tu crois pas que ça suffit comme ça ? Il faut ralentir la cadence, urgemment. Je vois les gens avec des poussettes, je regarde leurs gueules, et je me dis : mais pourquoi ? Qu’est-ce que vous croyez que vous faites, là, à vous reproduire ? On n’a pas besoin de votre génétique à la con, arrêtez la mégalomanie. Faites de la peinture si vous voulez vous occuper. Mais ne nous faites pas chier avec votre progéniture. Si on me demandait mon avis, je te collerais tout ça dans un stade : vasectomie, ablation de l’utérus, et rentrez tous chez vous… Sept milliards, et ils continuent d’infecter la planète… Le jour où on défile pour la stérilisation de l’humanité, tu me verras dehors tous les jours. Et pas en terrasse, j’aime autant te dire.
Virginie Despentes, Vernon Subutex. France XXI°


- Mais si ce n’est pas un cancer, comment s’appelle cette maladie ?
- C’est la vie
- La vie ? Vous voulez dire que je suis…
- Vivant, oui, hélas.
- Mais où est-ce que j’ai pu attraper une pareille saloperie ?
- C’est malheureusement héréditaire. Je ne dis pas cela pour tenter de vous consoler, mais c’est une maladie très répandue dans le monde. Il est à craindre qu’elle ne soit pas vaincue de sitôt. Ce qu’il faudrait, c’est rendre obligatoire la contraception pour tout le monde. Ce serait la seule prévention réellement efficace. Mais les gens ne sont pas mûrs.
Pierre Desproges, Vivons heureux en attendant la mort. France XX°

Kafka ne tirait ni joie ni peine de rien ni personne. Simplement, il se sentait mal à l'aise depuis ce matin de 1883 où, alors que tout allait bien pour lui, il est né. Il conçut de cet événement un dégoût inexplicable qui ne le quitta qu'au jour de sa mort.
Pierre Desproges, Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des bien nantis. France XX°


~ Oui, je sais ce dont je me prive en étant femme sans être mère : une série de contraintes, de soucis et de contrariétés additionnés à ceux que le quotidien traîne à ses basques.
~ Non, je ne suis pas mal dans ma peau. Je pense simplement que mon épanouissement en tant qu’être humain ne passe pas par des contractions, un col dilaté et un minimum de quarante années de bons et loyaux services auprès de ces chers bambins que le destin ne manquera pas d’égratigner.
~ Il faut penser sa vie à deux fois avant de se lancer et d’engager la vie de petits êtres qui n’ont rien demandé à personne.
Emilie Devienne, Etre femme sans être mère. France XXI°


~ L’homme à l’esprit aveuglé, entravé par la femme, les enfants, le foyer, les biens, est emporté par la mort comme un village endormi par un torrent débordé.
~ A travers la ronde de bien des naissances et des morts, j’ai erré, sans jamais trouver le constructeur que je cherchais ! Naître et mourir pour renaître encore : un courant de vie rempli de souffrance. Mais maintenant, constructeur de la maison, tu es découvert ! Jamais plus tu ne construiras ! Cassés sont tous tes chevrons, brisée ta poutre ! Tout ce qui constituait ce moi mortel s’en est allé : l’esprit a tué la soif, j’ai traversé le courant.
Dhammapada (Paroles du Bouddha). Inde I° AC


~ Il y a peu de raisons de sourire dans cette dure et pénible vie.
~ Comment le monde cruel peut-il tourner, et supporter de contempler de telles vies !
Charles Dickens, The chimes. Angleterre XIX°


- Et vos enfants ?
- A merveille !
- Et celui qui a de si beaux yeux, un si bel embonpoint, une si belle peau ?
- Beaucoup mieux que les autres ; il est mort.
Denis Diderot, Jacques le Fataliste. France XVIII°

Naître dans l’imbécillité, au milieu de la douleur et des cris ; être le jouet de l’ignorance, de l’erreur, du besoin, des maladies, de la méchanceté et des passions […] ; ne savoir d’où l’on vient, pourquoi l’on est venu, où l’on va : voilà ce qu’on appelle le présent le plus important de nos parents et de la nature : la vie.
Denis Diderot, Lettre à Sophie Volland (26 septembre 1762). France XVIII°


~ Un de ses amis l’exhortait à faire des enfants. « Sois sans crainte, lui dit-il ; comme progéniture, je laisse derrière moi des victoires olympiques. »
~ Des parents sacrifiaient aux dieux pour avoir un fils. Diogène leur dit : « Ne sacrifiez-vous pas aussi pour vous assurer de ce qu’il va devenir ? »
Diogène le Cynique. Grèce IV° AC


Il ne faut ni se marier ni élever des enfants, puisque notre espèce est faible et que les ennuis procurés par le mariage et les enfants chargent d’un fardeau supplémentaire la faiblesse humaine. C’est pourquoi ceux qui se sont mariés et ont élevé des enfants pour l’assistance qu’ils espéraient y trouver, s’aperçoivent plus tard que cela procure encore plus d’embarras et sont saisis de regrets, alors qu’il leur était possible, dès le début, d’éviter ces erreurs.
Pseudo-Diogène, Lettre à Zénon. Grèce circa I° AC


Que tu veuilles, ô être humain, devenir sur cette terre un sujet masculin, alors réfléchis à deux fois, avant que la sage femme vers le jour te convoie ! La terre est un nid de misère ! Crois-en l’auteur de ces lignes, qui goûta bien souvent de ce plat dur et indigne ! Citation piquée au Faust de Goethe : L’homme toute sa vie n’est heureux d’ordinaire, qu’au seul stade embryonnaire... […] Qu’est-ce que l’homme, qu’est-ce que la vie ? Déjà notre grand Schiller souverain : « Ce n'est point le plus grand des biens ». Pour moi je dis : la vie est comme une échelle de poulailler, courte et pleine de fumier.
Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz . Allemagne XX°


~ S’il existait de véritables nihilistes, ils célébreraient les armes atomiques comme moyen de mettre fin au monde grâce à l’hiver nucléaire. Ils chanteraient des hymnes aux ogives, voyant en elles la première arme que nous ayons jamais obtenue contre l’univers qui nous a jetés dans l’existence pour y souffrir et y mourir. Même si ces nihilistes imaginaires étaient trop délicats pour préconiser franchement l’hiver nucléaire, ils seraient contraints de célébrer l’hiver nucléaire comme le premier véritable CHOIX qu’un organisme ait jamais eu de poursuivre ou non le cycle fatal de la naissance, de la souffrance et de la mort.
~ Le suicide individuel n’est que l’Hiver Nucléaire écrit en petit. L’Hiver Nucléaire est le Nirvana universel. Et cela le rend complètement différent du suicide individuel – car il n’y aura pas de survivants pour en porter le deuil et le chagrin. Il n’y aura plus du tout de deuil ni de chagrin, jamais plus. […] Cela fut réalisé à petite échelle – le suicide collectif, l’oubli. […] Certaines tribus chassées pour le plaisir par les Européens, [tels] les derniers groupes de Tasmaniens, virent la souffrance qui attendait leurs enfants, et les emportèrent avec eux en sautant de la falaise. Et ils avaient raison. Imaginez les perspectives d’un enfant tasmanien dans les mains des colons britanniques qui avaient tué ses parents pour le sport.
~ Nous avons offert à d’autres espèces le cadeau de l’oubli, les avons précipitées du haut de la falaise : le Mammouth, l’Aigle de Moa, le Loup de Tasmanie… toutes les plus belles espèces disparaissent ou ont déjà disparu. […] La vie sur terre a atteint son apogée durant les Périodes Glaciaires, et nous sommes en train d’éliminer les quelques espèces de cette époque qui ont survécu à notre premier coup, voici dix mille ans. Nous avons très peu à perdre, en détruisant la faune restante, la meilleure ayant déjà disparu. […] Nous avons donc envoyés des guides au-devant de nous dans l’oubli. Quand nous aurons lâché prise, pressé le bouton, largué la dîme nucléaire sur nous-mêmes, nous ne souffrirons pas plus que le Mammouth ne souffre. Nous le leur devons ; rejoignons-les.
~ Pour la première fois dans l’histoire de la vie organique […] les pitoyables animaux rampant sur la surface de la planète ont le pouvoir de choisir d’exister ou de cesser d’exister. Imaginez un prisonnier condamné à être torturé à mort, blotti dans une cellule en attendant le prochain appel vers le sol ensanglanté où ses dents seront arrachées, une par une. Un jour, quelqu’un glisse un couteau sous la porte de sa cellule. Pour la première fois, il a l’option de mettre un terme à une vie de douleur. Et, comme un véritable esclave, il rejette le couteau avec horreur, le remet aux gardes de telle sorte qu’ils puissent continuer à le torturer selon leur bon plaisir. Nous ne sommes pas les seules vies en jeu. Nous avons un devoir envers les morts – et les non-nés.
John Dolan, The case for nuclear winter (Plaidoyer pour l’hiver nucléaire). Etats-Unis XXI°


~ Ce n’est pas, chez l’être humain, la capacité physique de procréer qui rend les adultes capables d’élevage et d’éducation des enfants qu’ils ont mis au monde.
~ Combien de parents sont fétichistes de leurs enfants, combien sont pédophiles ou font de leurs engendrés leurs esclaves, combien les maltraitent ou les laissent sans avoir, sans pouvoir, sans savoir, sans communication, sans joie, alors que d’autres les emprisonnent dans une prison dorée, les étouffent par leur surprotection.
~ Nous savons maintenant que la folie est souvent induite chez l’enfant par ses parents, ceux-ci étant apparemment sains.
~ Les familles sadisent leurs enfants pour se sauver de leurs souffrances.
Françoise Dolto, La cause des enfants. France XX°


~ Nous célébrons nos propres funérailles avec cris et pleurs à notre naissance même.
~ Quelle mort pire que la mort est cette vie que tant d’hommes bons voudraient si souvent échanger  contre la mort !
John Donne, Le duel de la mort. Angleterre XVII°


~ En vérité, quel droit avait-elle, cette nature, de me faire venir au monde en vertu de je ne sais quelles lois éternelles de son cru ? J’ai été créé ayant une conscience et j’ai pris conscience de cette nature : quel droit avait-elle de me mettre au monde conscient sans que j’en aie la volonté ? Conscient et par conséquent souffrant, or je ne veux pas souffrir, car à quelle fin consentirais-je à souffrir ?
~ Même en supposant possible et croyable cette fable de l’homme enfin installé sur la terre sur des bases raisonnables et scientifiques, même si l’on croit à la venue finale du bonheur pour les hommes, la seule pensée qu’il aura fallu à la nature, en vertu d’on ne sait quelles turpides lois à elle, supplicier l’homme durant des millénaires avant de lui donner accès à ce bonheur, cette seule pensée est déjà insupportable et révoltante.
~ Pour ces raisons, en mon indéniable qualité de demandeur et de défendeur, de juge et d’inculpé, je condamne ladite nature, qui m’a avec tant de sans-gêne et d’impudence mis au monde pour souffrir, – à la destruction en même temps que moi-même…
Fiodor Dostoïevski, Une sentence in Journal d’un écrivain (octobre 1876). Russie XIX°

En dernière analyse il est clair que le suicide, une fois perdue l’idée de l’immortalité, devient une nécessité absolue et même inévitable pour tout homme qui s’est si peu que ce soit élevé intellectuellement au-dessus de la bête.
Fiodor Dostoïevski, Journal d’un écrivain (décembre 1876). Russie XIX°

Il me reproche de me révolter contre ma naissance […] Soit, mais j’aurais préféré qu’on me tue dans le ventre de ma mère, plutôt que de venir au monde.
Fiodor Dostoïevski, Les frères Karamazov. Russie XIX°


~ Le petit Adolf était un garçonnet semblable aux autres mômes. Un gamin ordinaire qui, évidemment, était attaché à sa mère. Il est étrange, voire choquant, qu’aucune femme ne se préoccupe de la malfaisance éventuelle de l’enfant qu’elle porte et dont elle accouchera à la satisfaction générale.
~ L’espèce prolifère. La plus nocive des mauvaises herbes. Et ce ne sont pas les propos lénifiants de prophètes malthusiens qui changeront quoi que ce soit. La limite a été dépassée depuis trop longtemps. Quel que soit le chiffre au compteur, le nombre est effrayant. Il donne le tournis. La seule perspective correcte est l’extinction de l’espèce. L’inaccessible rêve…
Pierre Drachline, Pour en finir avec l’espèce humaine. France XXI°


Heureuse la créature
Qui a fait sa sépulture
Dans le ventre maternel !
Heureux celui dont la vie
En sortant s’est vu ravie
Par un sommeil éternel !
Il n’a senti sur sa tête
L’inévitable tempête
Dont nous sommes agités.
Joachim Du Bellay, La complainte du désespéré. France XVI°


~ Si j’avais eu conscience de ne plus être une enfant, je ne vous aurais pas faits, mes enfants. Ma mère me disait : « Fais des enfants, ma fille : c’est bien, c’est beau, c’est bon ! » La vieille idiote !
~ Donner la vie, ce poison ! En faire venir d’autres en ce monde, cette galère ! Qu’il faut être cynique, méchant ou stupide !
Réjean Ducharme, L’océantume. Québec XX°


Quand on voit la vie telle que Dieu l’a faite, il n’y a qu’à le remercier d’avoir fait la mort.
Alexandre Dumas fils, Denise. France XIX°


~ Il n’est plus possible de s’en remettre à la seule planification familiale, car elle se contente d’empêcher la venue au monde des enfants non désirés. La survie de l’humanité ne peut plus être confiée au bon vouloir d’un nombre aussi élevé de procréateurs plus ou moins irresponsables. Ceux qui les encouragent peuvent désormais, maintenant que nos limites sont enfin reconnues, être considérés au mieux comme inconscients, au pire comme criminels.
~ Il faudrait […] taxer les familles nombreuses de plus en plus lourdement : surtout les plus riches, qui sont les plus gaspilleuses, de véritables vandales.
René Dumont, L’utopie ou la mort. France XX°

La plus grave menace pour l’avenir de l’humanité reste l’explosion démographique, la prolifération du plus redoutable prédateur, l’homme, sur une petite planète. […] Notre petite planète n’est pas capable de supporter longtemps les conséquences d’une surpopulation délirante.
René Dumont, Pour l’Afrique, j’accuse. France XX°


Il arrive que les femmes n’aiment pas leurs enfants, ni leur maison, qu’elles ne soient pas les femmes d’intérieur qu’on attendait qu’elles soient. Qu’elles ne soient pas non plus les femmes de leur mari. Qu’elles ne soient pas de bonnes mères. […] Pourquoi une maternité ne serait-elle pas mal venue ? Pourquoi la naissance d’une mère par la venue de l’enfant ne serait-elle pas ratée elle aussi ?
Marguerite Duras
, article in Libération (17 juillet 1985). France XX°

Il est possible qu’on attende tous ensemble le dépeuplement final. On dormirait tout le temps. La mort du dernier homme passerait inaperçue.
Marguerite Duras, La vie matérielle. France XX°


~ Ma mère m’infligea la vie.
~ J’imagine que, actuellement, si les fœtus recevaient toutes les informations du dehors, s’ils pouvaient s’exprimer dans le ventre de leur mère, ils refuseraient sans doute d’en sortir.
Jacques Dutronc, Pensées et répliques. France XX°


§ On était quelques milliers dans le cœur de l’Afrique il y a 100.000 ans, et on est presque 8 milliards à occuper tous les endroits habitables de la Terre, à utiliser toutes les ressources disponibles, à épuiser ses ressources, à vider des océans de poissons, polluer l’environnement, le rendre inhabitable, à transformer les forêts en désert. Et en plus, nous avons créé des mégapoles […] où les gens s’entassent et qui sont des nids de discorde. Je le vois d’une manière objective et je lance un cri d’alarme. Si on continue dans cette direction, ce sera la catastrophe, l’apocalypse.
§ – Nous avons créé une situation telle, que l’avenir de l’humanité est menacé.
La science peut faire quelque chose ?
Elle ne peut pas augmenter la surface de la terre ou ses ressources. Elle peut simplement donner des conseils. « Le » problème, c’est la démographie.
Il faut un contrôle des naissances très strict ?
Absolument. Quand j’étais enfant, on nous disait qu’on approchait des deux milliards d’humains sur la terre. Aujourd’hui, on a dépassé les 7 milliards. De mon vivant, la population du monde a quadruplé, dépassant les possibilités naturelles. Donc nous sommes en train, par notre nombre croissant, de rendre le monde invivable.
§ La contraception, la limitation des naissances a été condamnée par le Vatican. C’est scandaleux, car le seul espoir de l’humanité de survivre, est de ne pas continuer son expansion.
Christian De Duve, interview (Le Soir 10 avril 2013, en ligne). Belgique XXI°


~ Nous sommes l’effet de la peur que nos parents ont eue de la solitude et de la mort.
~ On aime ses parents faute de mieux, comme Robinson Crusoé aime les chèvres de son île déserte.
~ Il faut interdire la naissance.
Tony Duvert, Abécédaire malveillant. France XX°




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