Soutenir la sacralisation de la fonction
maternelle dans de telles circonstances1 devient la plus hideuse des
plaisanteries : on ne la retrouve plus guère du reste que dans les ronrons
des discours du Vatican ou des Pussycats, derniers remparts du sexisme
patriarcal.
Françoise d’Eaubonne, Histoire et actualité du féminisme. France XX°
1. le
surpeuplement de la planète
La plus sotte des oiselles refuse de pondre
et de couver lorsqu’on la met en cage. La grève des ventres seule convient à
qui ne veut pas perpétuer la race des bourreaux.
Françoise d’Eaubonne, Le sexocide des sorcières (Ode aux Iraniennes). France XX°
~ Je regarde encore toute l’oppression qui
se commet sous le soleil : voici les larmes des opprimés, et ils n’ont pas
de consolateur. Alors je félicite les morts qui sont déjà morts plutôt que les
vivants qui sont encore vivants. Et plus heureux que tous les deux est celui
qui ne vit pas encore et ne voit pas l’iniquité qui se commet sous le soleil.
~ Mieux vaut un nom que l’huile fine, et le
jour de la mort que le jour de la naissance.
L’Ecclésiaste (Qohélet). Israël III° AC
Un sort pénible a été fait à tous les
hommes,
Un joug pesant accable les fils d’Adam,
Depuis le jour qu’ils sortent du sein
maternel
Jusqu’au jour de leur retour à la mère
universelle.
O mort, ta sentence est la bienvenue
Pour l’homme misérable et privé de ses
forces,
Pour le vieillard usé, agité de soucis,
Révolté et à bout de patience.
L’Ecclésiastique (Ben Sira). Israël II° AC
C'est votre père qui est votre obligé, et
non point le contraire : vous payez de bien des années de larmes un sien moment
de plaisant chatouillement.
Umberto Eco, L'île du jour d'avant. Italie XX°
Pourquoi imiter les bêtes, et faire comme
les autres ? […] Suspendons, en ce qui nous concerne, la création
prolifique. Ne naît-il point assez de créatures ?
Georges Eekhoud, Escal-Vigor. Belgique XIX°
~ Ce qui m’afflige le plus, c’est bien sûr
le malheur de mes pauvres parents qui depuis tant d’années n’ont pas vécu une
seule minute de bonheur.
~ Je ne suis qu’un fardeau pour ma famille.
Il vaudrait vraiment mieux que je ne sois pas venu au monde.
Albert Einstein, Lettre à sa sœur (1898). Allemagne XIX°
Naissance, et copulation, et mort.
Voilà tous les faits quand on en vient à
l’essentiel :
Naissance, et copulation, et mort.
Je suis né, et une fois suffit.
T. S. Eliot, Sweeney Agonistes. Angleterre
XX°
J’ai lu et je relis Schopenhauer. Ne lis
pas cela, c’est atroce, atroce, atroce. Tout est vrai.
Max Elskamp, Lettre à Henry van de Velde (13 octobre 1888).
Belgique XIX°
~ Sur l’un des murs il y a les portraits de
famille
Un singe à l’infini
~ Pauvre petit ange disait la mère
De ce ton des mères moins belles que leur
fille
Et jalouses
~ Un jour il n’y aura plus de pères
Dans les jardins de la jeunesse
~ Violette a rêvé de défaire
A défait
L’affreux nœud de serpents des liens du
sang
Paul Eluard, Violette Nozières. France XX°
Si le taux actuel de reproduction à l’échelle
planétaire se poursuit, à la fin de ce siècle, nous ne serons pas 10 milliards.
Nous serons 28 milliards. […] Seul un idiot pourrait nier qu’il y a une limite
au nombre de personnes que notre Terre peut supporter. La question est :
est-ce 7 milliards (notre population actuelle), 10 milliards ou 28 milliards ?
Je pense que nous avons déjà outrepassé ce nombre. Bien outrepassé.
Stephen Emmott, 10 billion. Angleterre XXI°
O deuil ! O misérable race des
mortels ! Ah, maudite infortunée ! Quelles âpres disputes, quels
gémissements ont produit ta naissance !
Empédocle, Purifications. Grèce V° AC
~ La matière est le mal par excellence, et il
faut avant tout s’abstenir de propager la vie : ce serait continuer
l’œuvre mauvaise du démiurge.
~ Pour les Encratites, la chair est le
mal ; tout ce qui se rapporte à la chair est mauvais, honteux ;
l’union de l’homme et de la femme n’est que perdition et prostitution, et le
mariage d’invention diabolique.
[Encratites]. Asie Mineure II° (extraits
du chapitre « Les Encratites et la vie mystique » par Georges Blond
in Mystique et continence)
Personne n’y vieillit
Car personne n’y meurt
On n’y enterre point
Car nul n’y met au monde.
Ephrem le Syrien, Hymnes sur le Paradis. Syrie IV°
~ Par Dieu ! ceux qui introduisent à
leur place deux ou trois enfants au ronflement désagréable rendent-ils plus de
service aux hommes que ceux qui [philosophent] ?
~ Les Thébains ont-ils tiré plus de profit
de tant de gens qui ont laissé une postérité que d’Epaminondas qui n’eut pas
d’enfant ? Et Homère n’a-t-il pas plus contribué au bien social que Priam
avec les cinquante pestes qu’il a engendrées ?
~ La situation de stratège ou la composition
d’un ouvrage interdira à un homme de se marier et d’avoir des enfants, sans
qu’on croie pour autant qu’il a renoncé pour rien à la paternité.
Epictète, Entretiens.
Grèce II°
Quel homme, je le demande, tendrait le col
au joug du mariage, si, comme font nos sages, il calculait préalablement les
inconvénients d’un tel état ? Et quelle femme irait à l’homme, si elle
méditait ce qu’il y a de dangereux à mettre un enfant au monde et de fatigues
pour l’élever ? […] Quelle femme, ayant passé par là, voudrait recommencer,
si l’Oubli, que voici, n’était auprès d’elle ?
Didier Erasme, Eloge de la folie. Pays-Bas XVI°
~ Par moi l’âme pure reniera la vertu et
maudira le jour de sa naissance. Je ferai douter de la tendresse que le cœur
d’une mère montre à son timide enfant : dans l’amour, je ferai entrevoir
le vil intérêt, sa source impure.
~ Qui voudrait vivre éternellement dans
cette vallée de misère, où tout est voué à la mort ? […] Ne vois-tu pas
que tout est poussière, vent et fumée ? que ton souci est vain, tes
plaintes inutiles.
~ Quoi d’étonnant si je reste court devant
ce problème, puisque je ne sais pas davantage pourquoi je suis venu au
monde ? Il y a un mystère tout aussi profond dans ce flux et ce reflux
incessant d’hommes, qui passent comme des flots d’esprit et de matière, qui
naissent, grandissent, parlent, s’agitent avec une ardeur fiévreuse et
disparaissent pour toujours sans savoir où ils vont, ni d’où ils sont venus.
~ Du jour où je fus jetée en ce monde, je
connus le malheur en même temps que la lumière.
~ Tous faisaient entendre leurs
lamentations plaintives, tous exhalaient leur douleur, leur amertume éternelle.
Ce monde est un tissu de deuil et de
misère !…
José de Espronceda, Le diable-monde. Espagne XIX°
§ A trente-sept ans, elle n’avait connu que
trois aventures sérieuses, qui ne durèrent pas plus de six mois chacune, pour
s’achever dans les larmes. Voilà pourquoi elle voulut faire un bébé
« toute seule », comme une grande ; sans l’aide d’un intervenant
extérieur, qui ne manquerait pas de clamer sa paternité. Elle étudia donc
l’éventail des possibilités qui s’offraient à elle et son choix la poussa tout
naturellement vers l’insémination artificielle.
– Tu es complètement folle ! lui dit
Solange, sa meilleure amie […] Et puis le gamin, tu y penses parfois ? Qu’est-ce
que tu vas lui raconter ? Tu vas lui inventer un père guérillero en
Afghanistan, mort dévoré par des talibans cannibales ? […] C’est un acte
égoïste. Point-barre ! Je n’ai rien à ajouter !
§ Mais ça n’allait toujours pas. Quelque
chose était cassé. Alors Jo tua sa mère, la mangea et sortit de l’appartement.
Ca allait déjà beaucoup mieux.
Nicolas d’Estienne
d’Orves, La
Sainte Famille. France XXI°
Nous devrions nous lamenter durant nos
fêtes de famille, à l’occasion de la naissance d’un enfant, à la pensée de tous
les maux de l’existence, et quand la mort aura mis un terme à nos lourdes
épreuves, nous faire accompagner joyeusement par tous nos amis.
Euripide, Cresphonte.
Grèce V° AC
Engendrer des enfants apporte de grandes
souffrances, et qui les pèse à leur vrai poids finira sa vie sans enfants, pour
n’en avoir aucun à enterrer.
Pseudo-Euripide, Rhésos. Grèce V° AC
~ Le Seigneur déclara lui-même :
« Je suis venu détruire les œuvres de la femme ». Par femme, entendez
les passions ; par ses œuvres, la naissance et la mort.
~ Comme l’entretien portait sur la
consommation des temps, Salomé, fort à propos, demanda : « Jusqu’à
quand les hommes mourront-ils ? ». Et le Seigneur lui fit cette sagace
réponse : « Tant que les femmes enfanteront ».
Evangile des Egyptiens. Egypte II°
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