But de ce blog


Le refus de procréer étant encore un tabou volontiers passé sous silence par les médias dominants, ce blog a pour vocation de montrer que le non-désir d’enfant ou le dégoût d’être né sont en réalité des invariants anthropologiques qui se manifestent à toute époque à travers les œuvres littéraires, philosophiques et même religieuses. Ainsi le but de tout bouddhiste est-il de sortir à jamais du cycle des naissances… Pour paraphraser le VHEMT : Puissions-nous rire longtemps et disparaître !

22 juin 2012

Lettre E

Soutenir la sacralisation de la fonction maternelle dans de telles circonstances1 devient la plus hideuse des plaisanteries : on ne la retrouve plus guère du reste que dans les ronrons des discours du Vatican ou des Pussycats, derniers remparts du sexisme patriarcal.
Françoise d’Eaubonne, Histoire et actualité du féminisme. France XX°
1. le surpeuplement de la planète

La plus sotte des oiselles refuse de pondre et de couver lorsqu’on la met en cage. La grève des ventres seule convient à qui ne veut pas perpétuer la race des bourreaux.
Françoise d’Eaubonne, Le sexocide des sorcières (Ode aux Iraniennes). France XX°


~ Je regarde encore toute l’oppression qui se commet sous le soleil : voici les larmes des opprimés, et ils n’ont pas de consolateur. Alors je félicite les morts qui sont déjà morts plutôt que les vivants qui sont encore vivants. Et plus heureux que tous les deux est celui qui ne vit pas encore et ne voit pas l’iniquité qui se commet sous le soleil.
~ Mieux vaut un nom que l’huile fine, et le jour de la mort que le jour de la naissance.
L’Ecclésiaste (Qohélet). Israël III° AC


Un sort pénible a été fait à tous les hommes,
Un joug pesant accable les fils d’Adam,
Depuis le jour qu’ils sortent du sein maternel
Jusqu’au jour de leur retour à la mère universelle.
O mort, ta sentence est la bienvenue
Pour l’homme misérable et privé de ses forces,
Pour le vieillard usé, agité de soucis,
Révolté et à bout de patience.
L’Ecclésiastique (Ben Sira). Israël II° AC


C'est votre père qui est votre obligé, et non point le contraire : vous payez de bien des années de larmes un sien moment de plaisant chatouillement.
Umberto Eco, L'île du jour d'avant. Italie XX°


Pourquoi imiter les bêtes, et faire comme les autres ? […] Suspendons, en ce qui nous concerne, la création prolifique. Ne naît-il point assez de créatures ?
Georges Eekhoud, Escal-Vigor. Belgique XIX°


~ Ce qui m’afflige le plus, c’est bien sûr le malheur de mes pauvres parents qui depuis tant d’années n’ont pas vécu une seule minute de bonheur.
~ Je ne suis qu’un fardeau pour ma famille. Il vaudrait vraiment mieux que je ne sois pas venu au monde.
Albert Einstein, Lettre à sa sœur (1898). Allemagne XIX°


Naissance, et copulation, et mort.
Voilà tous les faits quand on en vient à l’essentiel :
Naissance, et copulation, et mort.
Je suis né, et une fois suffit.
T. S. Eliot, Sweeney Agonistes. Angleterre XX°


J’ai lu et je relis Schopenhauer. Ne lis pas cela, c’est atroce, atroce, atroce. Tout est vrai.
Max Elskamp, Lettre à Henry van de Velde (13 octobre 1888). 
Belgique XIX°


~ Sur l’un des murs il y a les portraits de famille
Un singe à l’infini
~ Pauvre petit ange disait la mère
De ce ton des mères moins belles que leur fille
Et jalouses
~ Un jour il n’y aura plus de pères
Dans les jardins de la jeunesse
~ Violette a rêvé de défaire
A défait
L’affreux nœud de serpents des liens du sang
Paul Eluard, Violette Nozières. France XX°


Si le taux actuel de reproduction à l’échelle planétaire se poursuit, à la fin de ce siècle, nous ne serons pas 10 milliards. Nous serons 28 milliards. […] Seul un idiot pourrait nier qu’il y a une limite au nombre de personnes que notre Terre peut supporter. La question est : est-ce 7 milliards (notre population actuelle), 10 milliards ou 28 milliards ? Je pense que nous avons déjà outrepassé ce nombre. Bien outrepassé.
Stephen Emmott, 10 billion. Angleterre XXI°


O deuil ! O misérable race des mortels ! Ah, maudite infortunée ! Quelles âpres disputes, quels gémissements ont produit ta naissance !
Empédocle, Purifications. Grèce V° AC


~ La matière est le mal par excellence, et il faut avant tout s’abstenir de propager la vie : ce serait continuer l’œuvre mauvaise du démiurge.
~ Pour les Encratites, la chair est le mal ; tout ce qui se rapporte à la chair est mauvais, honteux ; l’union de l’homme et de la femme n’est que perdition et prostitution, et le mariage d’invention diabolique.
[Encratites]. Asie Mineure II° (extraits du chapitre « Les Encratites et la vie mystique » par Georges Blond in Mystique et continence)


Personne n’y vieillit
Car personne n’y meurt
On n’y enterre point
Car nul n’y met au monde.
Ephrem le Syrien, Hymnes sur le Paradis. Syrie IV°


~ Par Dieu ! ceux qui introduisent à leur place deux ou trois enfants au ronflement désagréable rendent-ils plus de service aux hommes que ceux qui [philosophent] ?
~ Les Thébains ont-ils tiré plus de profit de tant de gens qui ont laissé une postérité que d’Epaminondas qui n’eut pas d’enfant ? Et Homère n’a-t-il pas plus contribué au bien social que Priam avec les cinquante pestes qu’il a engendrées ?
~ La situation de stratège ou la composition d’un ouvrage interdira à un homme de se marier et d’avoir des enfants, sans qu’on croie pour autant qu’il a renoncé pour rien à la paternité.
Epictète, Entretiens. Grèce II°


Quel homme, je le demande, tendrait le col au joug du mariage, si, comme font nos sages, il calculait préalablement les inconvénients d’un tel état ? Et quelle femme irait à l’homme, si elle méditait ce qu’il y a de dangereux à mettre un enfant au monde et de fatigues pour l’élever ? […] Quelle femme, ayant passé par là, voudrait recommencer, si l’Oubli, que voici, n’était auprès d’elle ?
Didier Erasme, Eloge de la folie. Pays-Bas XVI°


~ Par moi l’âme pure reniera la vertu et maudira le jour de sa naissance. Je ferai douter de la tendresse que le cœur d’une mère montre à son timide enfant : dans l’amour, je ferai entrevoir le vil intérêt, sa source impure.
~ Qui voudrait vivre éternellement dans cette vallée de misère, où tout est voué à la mort ? […] Ne vois-tu pas que tout est poussière, vent et fumée ? que ton souci est vain, tes plaintes inutiles.
~ Quoi d’étonnant si je reste court devant ce problème, puisque je ne sais pas davantage pourquoi je suis venu au monde ? Il y a un mystère tout aussi profond dans ce flux et ce reflux incessant d’hommes, qui passent comme des flots d’esprit et de matière, qui naissent, grandissent, parlent, s’agitent avec une ardeur fiévreuse et disparaissent pour toujours sans savoir où ils vont, ni d’où ils sont venus.
~ Du jour où je fus jetée en ce monde, je connus le malheur en même temps que la lumière.
~ Tous faisaient entendre leurs lamentations plaintives, tous exhalaient leur douleur, leur amertume éternelle. Ce monde est un  tissu de deuil et de misère !…
José de Espronceda, Le diable-monde. Espagne XIX°


§ A trente-sept ans, elle n’avait connu que trois aventures sérieuses, qui ne durèrent pas plus de six mois chacune, pour s’achever dans les larmes. Voilà pourquoi elle voulut faire un bébé « toute seule », comme une grande ; sans l’aide d’un intervenant extérieur, qui ne manquerait pas de clamer sa paternité. Elle étudia donc l’éventail des possibilités qui s’offraient à elle et son choix la poussa tout naturellement vers l’insémination artificielle.
– Tu es complètement folle ! lui dit Solange, sa meilleure amie […] Et puis le gamin, tu y penses parfois ? Qu’est-ce que tu vas lui raconter ? Tu vas lui inventer un père guérillero en Afghanistan, mort dévoré par des talibans cannibales ? […] C’est un acte égoïste. Point-barre ! Je n’ai rien à ajouter !
§ Mais ça n’allait toujours pas. Quelque chose était cassé. Alors Jo tua sa mère, la mangea et sortit de l’appartement. Ca allait déjà beaucoup mieux.
Nicolas d’Estienne d’Orves, La Sainte Famille. France XXI°


Nous devrions nous lamenter durant nos fêtes de famille, à l’occasion de la naissance d’un enfant, à la pensée de tous les maux de l’existence, et quand la mort aura mis un terme à nos lourdes épreuves, nous faire accompagner joyeusement par tous nos amis.
Euripide, Cresphonte. Grèce V° AC


Engendrer des enfants apporte de grandes souffrances, et qui les pèse à leur vrai poids finira sa vie sans enfants, pour n’en avoir aucun à enterrer.
Pseudo-Euripide, Rhésos. Grèce V° AC


~ Le Seigneur déclara lui-même : « Je suis venu détruire les œuvres de la femme ». Par femme, entendez les passions ; par ses œuvres, la naissance et la mort.
~ Comme l’entretien portait sur la consommation des temps, Salomé, fort à propos, demanda : « Jusqu’à quand les hommes mourront-ils ? ». Et le Seigneur lui fit cette sagace réponse : « Tant que les femmes enfanteront ».
Evangile des Egyptiens. Egypte II°

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