~ Que vaut-il mieux ? Etre ou ne pas naître ?
~ Je n’ai rien à dire du bonheur, je ne sais pas ce que c’est.
~ Dieu : quel autre enculé pourrait assumer à sa place les injustices
du monde ?
~ Pour la vie il n’y a pas d’antidote.
~ Vouloir se survivre, c’est d’une arrogance monstrueuse. La seule façon de
se survivre, c’est de procréer. Comme les chiens.
Serge Gainsbourg, Pensées, provocs et autres volutes.
France XX°
~ Je ne veux pas renaître.
~ La souffrance est la loi des
hommes.
Mahâtmâ Gandhi, Tous
les hommes sont frères. Inde XX°
Je ne crois pas du tout que la procréation soit un devoir ou que le monde
tombera dans le chagrin sans elle. Suppose un moment que toute procréation
cesse, cela signifiera seulement que toute destruction cessera. Moksha n’est rien d’autre que la
libération du cycle des naissances et des morts. Cela seul est considéré, et à
juste titre, comme étant la plus haute félicité.
Mahâtmâ Gandhi, Letter to Manilal Gandhi (17 mars
1922). Inde XX°
~ Celui dont l’activité est
entièrement consacrée à la réalisation de la Vérité, qui exige un
désintéressement absolu, n’a pas de loisirs à consacrer à l’occupation égoïste
d’engendrer des enfants et de diriger une maison.
~ Plus leur famille est nombreuse
et plus ils sont éloignés de l’Amour Universel.
Mahâtmâ Gandhi, Lettres
à l’ashram. Inde XX°
C’est un nouveau-né,
Fleur d’écume sur l’eau
De la souffrance humaine.
Federico Garcia Lorca, Cocotte en papier. Espagne XX°
Dis-moi, Seigneur, mon Dieu !
Notre douleur ne parvient-elle pas à tes oreilles ?
Nos blasphèmes n’ont-ils pas fait des Babels sans briques
Pour te blesser, ou aimes-tu les cris ?
Es-tu sourd ? Ou aveugle ?
Federico Garcia
Lorca, Prologue.
Espagne XX°
Homme ! Passion ! Peine ardente ! Prières !
Reviens changé en lune et en cœur de néant.
Federico Garcia
Lorca, Sur
la mort de José de Ciria y Escalente. Espagne XX°
L’arbre de sang mouille la matinée
où la nouvelle accouchée a gémi.
Sa voix met des cristaux dans les chairs vives
et un graphique d’os à la croisée […]
Adam rêve à travers l’argile en fièvre
d’un enfant qui approche en galopant
au double battement de ses pommettes.
Mais un autre homme en lui obscurément
voit une lune stérile de pierre
où lumineux s’irait brûler l’enfant.
Federico Garcia
Lorca, Adam1.
Espagne XX°
1. « Ce poème situe l’Adam mythique au moment
crucial où il peut encore choisir de rester stérile pour ne pas livrer sa
descendance à la mort vorace, comme l’y engage, dans Paradise lost (XI, 988), Eve elle-même : Childless thou art ; childless remain. So Death / Shall be
deceived his glut […]. Lorca connaissait évidemment le grand poème de
Milton et […] rêvait d’écrire lui aussi […] une sorte de Paradis perdu, un long poème épique et narratif qu’il aurait
intitulé Adam. » – Commentaire
extrait de : André Belamich (dir.), Federico
Garcia Lorca, Œuvres complètes I, Paris, 1981
Tel est le monde, ami, agonie, agonie. […]
et la vie n’est pas noble, ni bonne, ni sacrée.
Federico Garcia Lorca, Ode à Walt Whitman. Espagne XX°
~ La plupart du temps, les lois sont bel et bien
faites par les hommes. Il faut des enfants pour qu’il n’y ait pas de baisse du
taux de natalité, disent-ils. Il faut des enfants pour faire une armée,
s’énervent-ils. Il faut des enfants pour assurer les vieux jours des parents,
radotent-ils. Il faut des enfants pour faire plaisir à Dieu, qui les bénit,
prêchent-ils. Et les femmes, qu’est-ce qu’il leur faut ?
~ Je suis personnellement assez choquée que des
femmes séropositives décident de poursuivre leur grossesse, même quand elles
savent que l’enfant qui naîtra peut être lui-même atteint du sida.
~ Les natalistes qui ont tant réclamé de futurs
soldats et de futurs contribuables sont (ou devraient être) obligés maintenant
de reposer le problème à l’échelle de la planète et de se rendre compte du
grave problème de surpopulation qui entraîne des famines.
Xavière Gauthier, Naissance d’une liberté. France XXI°
~ Toute âme est un sépulcre où
gisent mille choses ;
Des cadavres hideux dans des
figures roses
Dorment ensevelis.
On retrouve toujours les larmes
sous le rire,
Les morts sous les vivants, et
l’homme est, à vrai dire,
Une Nécropolis.
~ Cessez donc, cessez donc, ô
vous, les jeunes mères
Berçant vos fils aux bras des
riantes chimères,
De leur rêver un sort ;
Filez-leur un suaire avec le lin
des langes :
Vos fils, fussent-ils purs et
beaux comme les anges,
Sont condamnés à mort !
Théophile Gautier,
La
mort dans la vie. France XIX°
En caractères noirs une phrase
est écrite ;
Quatre mots solennels, quatre
mots de latin1,
Où tout homme en passant peut
lire son destin :
« Chaque heure fait sa plaie
et la dernière achève ! »
Oui, c'est bien vrai, la vie est
un combat sans trêve,
Un combat inégal contre un lutteur
caché,
Qui d'aucun de nos coups ne peut
être touché ;
Et dans nos cœurs criblés, comme
dans une cible,
Tremblent les traits lancés par
l'archer invisible.
Nous sommes condamnés, nous
devons tous périr ;
Naître, c'est seulement commencer
à mourir.
Théophile Gautier,
L’horloge.
France XIX°
1.
« Vulnerant omnes, ultima necat. » : « Toutes blessent, la
dernière tue. »
On parla de l’architecture
moderne, pour déplorer le manque d’imagination des architectes qui ne savent
qu’entasser les logements l’un sur l’autre, comme s’il s’agissait de cabanes à
lapins. Gérard fit remarquer qu’on était, en effet, à l’âge de la procréation
lapine et que tout en redoutant les misères, les famines, les troubles et les
guerres qui naissent de la surpopulation, toutes les autorités civiles et
religieuses poussent hommes et femmes à fabriquer sans lassitude des portées
d’enfants. « Puisqu’on le paie pour cela, conclut-il, quand le citoyen
veut augmenter son revenu, il ne retrousse pas ses manches, il se met au lit. »
Pierre Gaxotte,
Le
nouvel ingénu. France XX°
Et pourquoi les
cigognes qui apportent des bébés, avec le paquet d’emmerdes qui s’ensuit,
pourquoi elles ne reprendraient pas les vieux qui sont morts, en
repartant ? On ne leur a rien demandé, après tout.
Philippe Geluck,
Le Chat (in Victoire,
supplément au Soir du 28 mai 2010). Belgique XXI°
~ Vous savez
comme les enfants qui hurlent ont le don de me mettre hors de moi. Surtout
lorsqu’il s’agit des enfants des autres et surtout si leurs cris envahissent ma
bulle privée dans un espace public. Au restaurant, au cinéma, dans le train,
j’estime que les jeunes parents devraient être poursuivis devant les tribunaux
pour avoir laissé ouvertement brailler leur progéniture sans la bâillonner
illico. Fumer dérange les voisins de table ? Les cris d’enfants, pareillement.
Halte au terrorisme bambinesque ! […] Et je ne critique pas ici les petiots
eux-mêmes, mais plutôt leurs infâmes géniteurs.
~ Nous aurons
tout juste le temps d’évoquer Père Ascension, Père Fête des Mères, Père Fête
des Pères, qui veillent à ce que tous les enfants pensent à remercier à date
fixe leur Maman et leur Papa de leur avoir permis de connaître un jour la
pollution atmosphérique, l’encéphalite spongiforme bovine et le poulet à la
dioxine.
~ Con de poisson […] Nous allons
droit dans le mur et nous sommes incapables de freiner, de nous arrêter ou de
faire demi-tour. Avons-nous réellement évolué depuis l’époque où nous vivions
sous l’eau ? Nous aurions dû y rester, au fond. Bien au fond. […] Aucun humain
ne serait jamais descendu d’aucun singe avec les ravages, le malheur et la
souffrance qui en ont résulté. […] Et l’homme serait sans doute devenu moins
crétin s’il n’avait eu pour ancêtre ce con de poisson.
Philippe Geluck,
Geluck
enfonce le clou. Belgique XXI°
Quand je vois dans quelle merde
on se trouve aujourd’hui, je me dis qu’il y a 6 millions d’années, les animaux
qui ont choisi de ne pas emprunter la voie de l’évolution ont sans doute été
plus malins que les hommes.
Philippe Geluck,
Le
Chat (in Victoire, supplément
au Soir du 03 novembre 2012).
Belgique XXI°
~ Je multiplierai les peines de
tes grossesses, dans la peine tu enfanteras des fils.
~ Maudit soit le sol à cause de
toi ! A force de peines tu en tireras subsistance tous les jours de ta
vie.
~ Les desseins du cœur de l’homme
sont mauvais dès son enfance.
Genèse.
Israël IX° AC
Si ce n’avait été à cause de
l’inclination au mal, aucun homme n’aurait construit une maison, épousé une
femme ou procréé des enfants.
Genèse
Rabba. Israël V°
~ Tout le corps humain est sale
et sent mauvais, et, fondamentalement, il est pourri. Qui pourrait tenir à ce
corps si sale, et qui pourrait s’en vanter ?
~ Depuis sa naissance, l’homme
souffre sans cesse.
~ Tel est le monde de l’homme. Il
faut renoncer avec dégoût à ce monde misérable.
Urabe Genshin, Ojôyôshû.
Japon X°
~ Que reste-t-il, sinon l’espoir
de voir finir le monde et ma détresse vaste comme le monde ?
~ La fin du monde est proche ?
Ceci me rassure. C’est aussi la fin des difficultés.
Michel de Ghelderode, La
balade du Grand Macabre. Belgique XX°
~ N’être plus rien, telle était
ma jouissance en cette minute que je ne mesurais pas, les siècles n’étant plus
calculables.
~ Les oiseaux geignaient,
lamentables, à l’imitation de nouveau-nés, malades, qui se plaignent
interminablement, et qu’on ne sait ni consoler ni endormir : qui se
plaignent de quoi, sinon d’être nés.
Michel de Ghelderode,
Sortilèges.
Belgique XX°
Voix de genèse, Amour et Trépas, ô pleurs longs !
Un soir l’Orgue montait dans l’horreur des Violons…
Horreur ! la Terre pleure, et, grande Trisaïeule,
Par la vulve et l’ovaire aux ouvraisons de gueule
Ainsi qu’Une en gésine appelle et meugle seule :
Horreur ! la Terre pleure et pousse, en sa Terreur,
Son sein de glaise rouge et l’immense dièse
De la genèse en pleurs qui la saigne et la lèse :
Horreur ! la Mère pleure et du Tout la genèse
Dans le noir a vagi le grand et premier pleur :
Horreur ! la Terre a mis au monde […]
A Toi, Nihil ! ô vainqueur des durées,
A Toi gloire ! ô Tueur sans aise et sans remords !
René Ghil, Dies irae. France XIX°
~ Le diable et le Bon Dieu ne
font qu’un ; ils s’entendent. Nous nous efforçons de croire que tout ce
qu’il y a de mauvais sur la terre vient du diable ; mais c’est parce
qu’autrement nous ne trouverions pas en nous la force de pardonner à Dieu. Il
s’amuse avec nous, comme un chat avec la souris qu’il tourmente… Et il nous
demande encore après cela de lui être reconnaissants. Reconnaissants de
quoi ? de quoi ?…
~ La cruauté, voilà le premier
des attributs de Dieu.
André Gide,
Les
faux-monnayeurs. France XX°
Pour une femme qui souhaite la
liberté, te rends-tu compte de ce que c’est que d’avoir la charge d’un
enfant ? Quelle dépendance ! Quel esclavage !
André Gide,
Geneviève.
France XX°
Malheur à ceux dont je suis né !
Père aveugle et barbare !
impitoyable mère !
Pauvres, vous fallait-il mettre
au jour un enfant
Qui n’héritât de vous qu’une
affreuse indigence ?
Nicolas Gilbert, Les
plaintes du malheureux. France XVIII°
Fœtus hideux voué pour une vie
encore
Au désespoir des générations
Roulé par la roue de l’horreur de
vivre
Du vieux fœtus aïeul
A notre mère putride
La pourriture aïeule
En robe de phosphore
La reine démente
Qui fait et défait
Les destins et les formes
Roger Gilbert-Lecomte, Sacre
et massacre de l’amour. France XX°
Tu cédas aux baisers […]
Et te voilà rampant dans la fange
natale,
Banal outil de chair perpétuant
la chair,
Simple anneau désormais de la
Bête vitale
Qui tord dans l’infini son long
ventre de ver.
Iwan Gilkin,
La
douleur du mage. Belgique XIX°
~ L’univers n’est-il pas un
immense martyr,
Que sans trêve secoue et torture
la vie ?
Naître, mourir, renaître,
éternelle agonie !
Lutter, aimer, penser, tout cela
c’est souffrir.
~ Terre, où le plaisir ment, où
les douleurs sont vraies,
Tu n’es qu’un hôpital de cancers
et de plaies
Où sans cesse les morts font
place aux moribonds !
Iwan Gilkin, Vocation.
Belgique XIX°
~ La mort sur tous les fronts.
« La Planète est Foutue ! » Une nouvelle lune se penche pour
contempler notre douce planète malade. […] Pas de bébés pour moi.
~ La solitude fait gémir les
vieillards […] La ferme, ô femmes qui vous époumonez à réclamer davantage de
chair enfantine.
~ Yeux qui pleurent sur terre. Des millions de corps dans la douleur !
Qui pourrait vivre avec cette Conscience et ne pas s’éveiller terrifié à
l’aurore ?
~ Beaucoup de garçons et de filles en prison pour leurs corps poèmes et
pensées amères […] voix ténue recommanda « Cessez de désirer des
enfants »
~ Combien d’âmes parcourent la Maya dans la douleur, combien de bébés sous
la pluie illusoire ? […] Des millions de bébés dans la douleur.
Allen Ginsberg, La chute de l’Amérique. Etats-Unis
XX°
[Les punks] disent qu’il n’y a pas de futur, ce qui est évident. Je suis
entièrement d’accord là-dessus. Je crois que c’est particulièrement lucide de
le dire. […] C’est la première fois, sans doute, que de très jeunes gens
réalisent ce que Burroughs a dit l’autre soir à la Nova Convention,
c’est-à-dire qu’il est devenu très difficile de vivre sur cette planète, surtout
à cause de la surpopulation.
Allen Ginsberg, Du bouddhisme aux punks – Entretien avec
Allen Ginsberg (1978). Etats-Unis XX°
~ Répondez sans dérobade : s’il existait une solution capable d’abolir la
totalité des maux dont gémit notre désastreuse humanité, s’il était possible,
par le biais d’un remède simple, immensément peu dispendieux, immédiatement
accessible, scrupuleusement inoffensif, d’une efficacité absolue et définitive,
de mettre un terme à toute détresse, à toute larme, à tout cri de douleur, à
toute pathologie, à toute protestation de mal-être, à tout désespoir, à tout
cataclysme, à toute angoisse, à tout malheur, bref à toute torture affligeant
l’espèce humaine, auriez-vous la macabre inintelligence de dédaigner un tel
remède, de mépriser une telle miraculeuse panacée ? Non, cela va sans
dire. Hé bien cette solution existe, et l’arcane s’en livre ici :
elle consiste tout bonnement, en sa sainte, ovoïde et colombienne simplicité,
à cesser de procréer…
~ L’enfant, c’est un cadeau que les parents se font
à eux-mêmes.
~ A pouvoir lire en pleine conscience le règlement
du pénitencier qui métaphorise toute destinée terrestre, qui vraiment voudrait
y faire, de plein gré, son entrée ? Sûrement pas un marmot pensant et
clairement informé de ce qui l’attend !
~ Est-ce aimer sincèrement son enfant que de le
propulser dans un monde où le malheur abonde tandis que le bonheur présente une
fâcheuse propension à se faire attendre, sinon à se dérober ? […] Si l’on aime authentiquement son enfant,
il n’est pas d’autre option, au vu des souffrances dont la vie regorge, que de
s’abstenir de l’enfanter !
~ Ne pas naître, c’est échapper à
tous les préjudices, y compris celui de ne pas naître, si naître pouvait être
autre chose qu’un préjudice.
~ Parmi ces prétextes souvent
invoqués pour justifier qu’un misérable bébé vienne s’exposer à nos désarrois
figure en bonne place l’idée de « perpétuer
l’espèce ». Pour contrer cet argument d’un aussi bel idéalisme, on
pourra faire remarquer que l’espèce humaine n’existait pas voici un milliard
d’années et que personne ne s’en plaignait… Imaginons à présent que notre
espèce disparaisse bel et bien, qui donc demeurera-t-il pour s’en
plaindre ? Le dernier des hommes ? Non, non, celui-là aussi aura
disparu ; alors quelle voix humaine gémira-t-elle sur l’évaporation du
plus féroce de tous les prédateurs ?
~ Faire souffrir autrui est
incompatible avec l’Ethique. Or vivre signifie souffrir. Donc donner la vie est
incompatible avec l’Ethique.
~ Sur une planète dont la santé
périclite à cause de la quantité irraisonnée de ses habitants, un écologiste
qui se reproduit est un écologiste douteux…
~ Aucune profession ne nécessite
plus de compétences que le métier de parents et c’est pour celle-là qu’on en
réclame le moins !
~ Il s’agira bien un jour
d’accorder à tout incréé le droit de ne pas naître, ou, à défaut, de permettre
à quiconque se constate lésé par l’existence d’assigner en justice ceux qui la
lui ont infligée.
Théophile de Giraud,
L’art
de guillotiner les procréateurs : manifeste anti-nataliste.
Belgique XXI°
~ Grève de la procréation. Il est regrettable que les
altermondialistes n’aient pas l’idée, ou l’intrépidité, d’utiliser l’unique
arme réellement crapuloclaste dont ils disposent : la Grève de la
Procréation. Priver, aussi longtemps que nécessaire, les multinationales de
nouveaux travailleurs à broyer et de nouveaux clients à gruger, voilà qui
ferait certainement (ré)fléchir les plénipotents gredins de la finance et de
l’industrie planéticide. Plus un seul bébé tant que les richesses ne sont pas
équitablement réparties, plus un seul bébé tant que les droits de l’homme, de
la femme et de l’enfant ne sont pas intégralement respectés, plus un seul bébé
tant que l’environnement ne fait pas l’objet d’une protection étanche et d’une
dépollution poussée, bref, un moratoire absolu sur la fabrication de bébés tant
que notre monde demeure scandaleusement immonde : quelle claque !
Mais nos révolutionnaires sont-ils capables d’une telle ascèse, d’une telle
éthique ? N’ayant guère de scrupules à se reproduire dans une
prison-poubelle, ils se plaignent lorsque les puissants les traitent comme des
déchets : mais au fond, de toutes ces épluchures, que pense leur
progéniture ?
~ Hasard. Monstre de l’humour douteux qui fait que vous devez nommer
« papa » ou « maman » telle ou telle personne que vous
détestez plutôt que telle autre qui vous semble nettement plus sympathique
~ Parents. A la manière dont certains n’ont pas d’enfants, il serait
formidable de n’avoir ni père ni mère biologiques. Cela ne concerne hélas que
l’euphorique infinité des néanticoles qui s’acharnent intelligemment à ne pas
naître.
~ Reproduire. Les Lumières ont tué Dieu, les surréalistes ont tué la
famille, les écrivains d’aujourd’hui tuent le couple, les écrivains de demain tueront
l’envie de se reproduire. Voilà ce que j’appelle des lendemains qui
fanfarent !
Théophile de Giraud, Aphorismaire à l’usage des futurs
familicides. Belgique XXI°
Rilke hait sa mère, il la hait passionnément, pourrait-on dire ;
davantage encore que Baudelaire n’a haï la sienne. Elle est quelconque, cette
mère, elle n’a rien fait de vraiment épouvantable, elle l’a habillé en fille
parce qu’elle avait perdu une fillette et ne s’en consolait pas ; elle a
laissé son père le placer dans une école militaire, elle est partie avec un
amant ; mais personne, après tout, n’a besoin d’autant de prétextes pour
haïr sa mère…
Françoise Giroud,
Lou.
Histoire d’une femme libre. France XXI°
~ Le gnostique intransigeant
manifeste une répugnance invincible à l’égard des diverses manifestations de la
sexualité ordinaire (désir sexuel, union, conception, naissance) et même des
principaux événements de la vie corporelle (naissance, maladies, vieillesse,
mort…). Une telle répugnance à l’égard du corps aboutit peu à peu à considérer
ce dernier comme une chose étrangère,
qu’il faut subir : le corps est comparé à un « cadavre », à un
« tombeau », à une « prison », à un « compagnon
indésirable ». […] Le corps, instrument d’humiliation et de souffrance,
tire l’esprit vers le bas. […] Le pur gnostique en arrivera à exécrer
l’enfantement, responsable de l’« incarcération » des malheureuses
âmes.
~ Le pessimisme gnostique pourra
s’étendre à toute la création
sensible : celle-ci sera alors une œuvre manquée, voire funeste ou criminelle.
[…] Le gnostique ressent douloureusement le fait d’être jeté dans un monde mauvais, « étrange », absurde – dans
un monde pour lequel son être véritable n’éprouve aucune affinité. Le monde est
le lieu de la mort, de la souffrance, de la laideur, du mal : c’est un
« cloaque », un « désert », une « nuit ».
~ Loin d’accepter le destin, les
gnostiques se révoltent contre lui, aspirent à s’en libérer. « Le monde,
s’écrie Héracléon, est un repaire de bêtes sauvages ». « L’angoisse
et la misère, nous dit Basilide, accompagnent l’existence comme la rouille
couvre le fer ». Le mal, c’est le fait même d’exister dans le monde sensible. L’univers tout entier est mauvais.
[…] A la limite, le monde où nous vivons sera identifié à l’Enfer. Le cosmos
visible est le domaine de la succession – sempiternellement absurde – des naissances et des morts.
[…] Les sources subjectives d’une telle expérience sont aisément compréhensibles :
celle-ci procède d’une angoisse insupportable devant le mal et la souffrance
omniprésents dans le monde sensible.
[Gnostiques]. Extraits de : Serge Hutin, Les gnostiques.
La règle générale de tous les gnostiques était le refus de la
procréation ; ceux qui prônaient la continence, l’abolition du mariage, le
faisaient dans cette intention ; ceux qui s’adonnaient aux rapports
sexuels les rendaient inféconds au moyen de la contraception et de
l’avortement. Ils croyaient que le Démiurge avait dit : « Croissez et
multipliez » afin de perpétuer le malheur de l’humanité sur terre, et qu’il
fallait rompre la chaîne de l’évolution, ramener définitivement les âmes vers
le huitième ciel, en s’abstenant de faire des enfants.
[Gnostiques]. Extraits de : Alexandrian,
Histoire de la philosophie occulte.
~ La caractéristique du gnosticisme […] est de concevoir ce Démiurge comme
mauvais et de l’identifier au Dieu de l’Ancien Testament.
~ Une Puissance mauvaise a créé le monde sensible. Les âmes des gnostiques
s’y trouvent prisonnières malgré elles.
~ Plotin, Clément, Origène reprochent aux gnostiques de décliner toute
responsabilité dans le mal et de rendre le Créateur responsable de celui-ci.
Pour les gnostiques, le monde sensible est créé – ou, au moins, entièrement et
absolument dominé – par une Puissance mauvaise, ou inconsciente, ou bornée, ou
passionnée, ou désordonnée. C’est elle qui est responsable du mal physique et
du mal moral que l’on constate dans le monde sensible.
[Gnostiques]. Extraits de : Pierre
Hadot, article « Gnostiques », Encyclopaedia Universalis, 1985
~ Les gnostiques [voyaient] dans toute la création matérielle le produit
d’un dieu ennemi de l’homme. Viscéralement, impérieusement, irrémissiblement,
le gnostique ressent la vie, la pensée, le devenir humain et planétaire comme
une œuvre manquée, limitée, viciée dans ses structures les plus intimes.
~ Il est possible – et la plupart des gnostiques l’ont fait – de refuser le
jeu truqué du monde en s’abstenant de procréer, d’ajouter entre le néant et la
mort l’absurde parenthèse de la vie.
[Gnostiques]. Extraits de : Jacques Lacarrière, Les Gnostiques.
~ N’omettons point, crénom !
de jeter bas les grilles
Qui depuis deux mille ans
constituent la famille.
~ Proclamons qu’à tout coup la
femme devient moche
Quand elle est transformée en
pondeuse de mioches !
Noël Godin alias Georges le
Gloupier alias L’Entarteur, Ode à l’attentat pâtissier. Belgique
XX°
~ Pondre des lardons dans le
monde d’aujourd’hui, dans ce monde criminel de bêtise, n’est-ce pas vraiment
vraiment très crétin ?
~ Pondre des lardons, c’est tout
à fait dégueu et foutrement égocentrique dans un monde aussi désespérant que le
nôtre !
~ Pondre des lardons c’est une
des ruses principales du système pour nous tenir sous sa coupe. La maternité,
c’est la servitude volontaire par excellence, grâce à laquelle les despotismes
continuent à prospérer !
~ Au même titre que les flics,
les curés et les patrons, les parents sont les loufiats du capital, du travail
et du pognon !
Noël Godin alias Georges le Gloupier alias L’Entarteur, Les marmots aux chiottes !
(texte lu à la « Fête des Non-Parents » à Paris le 15 mai 2010 et
publié dans le journal satirique El Batia
Moûrt Soû, décembre 2010, n°64). Belgique XXI°
~ Il est un instant qui comble toute chose,
Tous nos désirs, nos rêves, nos espoirs,
Et qu’on redoute, Pandore,
C’est la Mort !
~ O père, fais que nous mourions !
J. W. von Goethe, Prométhée. Allemagne XVIII°
Je rends grâces aux Dieux
D’avoir ainsi voulu m’effacer de ce monde,
Sans que je laisse après moi des enfants.
Et toi, je te conseille
De ne pas trop aimer le soleil, ni les astres :
Viens ! Suis-moi dans le sombre royaume ! […]
Sans enfants et sans crime encore, viens !
J. W. von Goethe, Iphigénie en Tauride. Allemagne
XVIII°
~ Tout ce qui existe est digne
d’être détruit, il serait donc mieux que rien n’existât.
~ Qu’est-ce que le monde peut
m’offrir de bon ? Tout doit te
manquer, tu dois manquer de tout ! Voilà l’éternel refrain qui tinte
aux oreilles de chacun de nous, et ce que, toute notre vie, chaque heure nous
répète d’une voix cassée. […] Voilà pourquoi la vie m’est un fardeau, pourquoi
je désire la mort et j’abhorre l’existence. […] Oh ! que ne suis-je jamais
né !
J. W. von Goethe, Faust. Allemagne XIX°
Des rudes chemins de la terre,
Heureux enfants, vous n’avez
aucune connaissance.
J. W. von Goethe, Faust II. Allemagne XIX°
Note :
il s’agit d’enfants mort-nés.
ô, qu’il vaudrait mieux pour ces gens-là n’être jamais nés !
Nicolas Gogol, Viatique in Passages choisis de ma correspondance avec mes amis. Russie XIX°
Mes compagnons d’infortune, plus
je réfléchis sur la répartition du bien et du mal ici-bas, plus je m’aperçois
que, si la somme de plaisir dévolue à l’homme est grande, celle de la
souffrance l’est plus encore. Cherchons dans le monde entier : pas un
homme si heureux qu’il ne lui reste rien à désirer ; et, chaque jour, des
milliers d’hommes nous prouvent, par le suicide, qu’il n’y avait plus pour eux
d’espérance. Il est donc évident que, si, dans cette vie, il ne peut y avoir
pour nous de bonheur complet, nous pouvons être complètement malheureux.
Oliver Goldsmith, Le pasteur de Wakefield.
Irlande XVIII°
L’homme pisse l’enfant et la
femme le chie.
Jules et Edmond de Goncourt, Journal
(1861). France XIX°
C’est notre croissance démographique qui est à la base de presque tous les
problèmes que nous avons infligés à la planète. […] Si nous étions peu, les
mauvaises choses que nous faisons n’importeraient pas vraiment et Mère Nature
s’en occuperait – mais nous sommes tellement nombreux […] Nous devrions
discuter du fait d’endiguer d’une manière ou d’une autre la croissance de la
population humaine. […] C’est très frustrant que les gens ne veuillent pas
aborder ce sujet.
Jane Goodall, interview par Nick Morrison
(AFP, 24 mars 2010). Grande-Bretagne XXI°
~ Les pauvres
sont toujours riches en enfants, et dans la saleté et les fossés de cette rue
se trouvent des groupes d’entre eux, du matin au soir, affamés, nus et sales.
~ Chez
beaucoup de gens, le souvenir du passé tue toute énergie pour le présent et
étouffe tout espoir pour l’avenir.
Maxim Gorki, Créatures qui furent autrefois des hommes.
Russie XIX°
Tu retourneras au village, et tu te marieras et
commenceras à creuser la terre et à semer du blé, ta femme te donnera des
enfants, la nourriture ne sera pas trop abondante, et donc tu bûcheras toute ta
vie. Eh bien ? Y a-t-il tant de douceur dans tout cela ?
Maxim Gorki, Tchelkach. Russie XIX°
Le nombre de personnes qui, au cours de cette
amère année, manquaient de pain était épouvantable. Les paysans affamés
erraient à travers le pays en groupes, de trois à vingt ou plus ensemble.
Certains portaient des bébés dans leurs bras ; d’autres traînaient de
jeunes enfants par la main. Les enfants avaient l’air presque
transparents, avec une peau bleuâtre, sous laquelle coulait, au lieu de sang
pur, une sorte de liquide épais et malsain. La façon dont leurs petits os pointus faisaient saillie sous la chair
émaciée parlait avec plus d’éloquence que ne le pourraient des mots. Leur vue
faisait mal au cœur, tandis qu’une douleur constante et intolérable semblait
ronger l’âme même. Ces enfants affamés, nus et exténués ne pleuraient même pas.
Mais ils regardaient autour d’eux avec des yeux perçants qui étincelaient
avidement chaque fois qu’ils voyaient un jardin, ou un champ, dont le blé
n’avait pas encore été emporté. Ensuite, ils lançaient un regard triste vers
leurs aïeux, comme pour demander : « Pourquoi m’a-t-on fait naître
dans ce monde ? »
Maxim Gorki, Mon compagnon de voyage. Russie XIX°
O Dieu, qui
que tu sois, Destin, Mère-Nature,
Pourquoi
m’avoir tiré de l’ombre du Néant ?
Réponds !
que t’avait fait ton humble créature
Pour
l’écraser sous ton dur talon de géant ?
Qui pouvait
te forcer, Eternel impassible,
A me clouer
au mur humain, comme une cible
Destinée aux
flèches du Mal ?
N’es-tu
point assez riche en fait de dents qui grincent ?
Et
fallait-il encore que mes mâchoires vinssent
Grincer au
concert infernal ?
Emile Goudeau,
Le
gibet de misère. France XIX°
~ Il y eut un drame : la mère s’étant jetée à la
Seine avec sa plus petite fille.
~ « Si l’on exige de nous
que, dans la douleur atroce de l’enfantement, nous mettions au monde des
enfants que la guerre doit faucher, et des filles qui, épouses ou mères,
verront écraser par la guerre tout ce qu’elles aiment le plus au monde, il ne
reste aux femmes qu’un parti à prendre : proclamer la grève des
ventres ! » Et les femmes applaudissaient. Oui, l’Amour, oui, la
Volupté, oui, le Baiser, mais plus d’enfants.
Emile Goudeau,
La
graine humaine. France XIX°
~ Un cas typique de maladie sexuellement transmissible,
c’est la famille.
~ On ferait moins de gosses, il y aurait moins de
pédophiles.
Jean-Marie Gourio, Brèves de comptoir.
L’anniversaire !. France XX°
~ Les larves du sphex, autre
guêpe, sont nourries de grillons vivants réduits par une piqûre à l’immobilité.
Sitôt éclose, la larve attaque le grillon sur le ventre duquel, à une place
choisie, l’œuf a été pondu. Le pauvre insecte paralysé proteste par de faibles
remuements d’antennes, de mandibules, en vain : il est dévoré vivant,
fibre à fibre, par un gros ver qui lui ronge les entrailles, avec assez
d’habileté pour ne toucher d’abord qu’aux parties non essentielles à la vie et
conserver sa proie jusqu’à la fin fraîche et savoureuse. Telle est la
mansuétude de la nature, cette bonne mère.
~ Tout n’est, dans la nature, que
vol et assassinat.
~ Toute vie n’est pas autre chose
qu’une somme suffisante de meurtres.
Remy de Gourmont,
Physique
de l’amour. France XX°
Dis-moi : qu’est-ce qui a
changé sur cette Terre que, d’après la légende, j’ai créée en une
semaine ? A quoi bon prolonger inutilement cette farce ? Pourquoi les
gens continuent-ils obstinément à se reproduire ?
Juan Goytisolo,
Et
quand le rideau tombe. Espagne XXI°
La plus grande iniquité est
d’amener des enfants à la vie, parce que leur donner naissance est les
condamner à mort. Nous les tirons du néant, de l’état de complète inconscience,
pour les plonger dans la réalité – et ensuite nous les obligeons à subir
l’agonie de la mort, dont ils ne devraient pas faire l’expérience s’ils
n’avaient pas d’abord reçu la vie.
Zbigniew Grabowski,
Rozmowy
z Toba. Pologne XX°
~ La nature a procédé avec
adresse, sinon avec tromperie, à l’égard de l’homme au moment où il vient au
monde, en disposant qu’il y entrerait sans aucune espèce de connaissance, afin
qu’il n’éprouvât point d’hésitations.
~ Je suis convaincu que, sans ce
piège universel, nul ne voudrait entrer dans un monde si trompeur, et qu’une
fois entrés, bien peu accepteraient de continuer à vivre, s’ils savaient
d’avance ce qu’est la vie. Car qui voudrait, en connaissance de cause, mettre
le pied dans un royaume si mensonger, une prison en réalité, pour y subir des
peines aussi nombreuses que variées ?
~ Un commun présage des misères
qui l’attendent, c’est que l’homme pleure en naissant.
~ Que peut être une vie qui
commence entre les cris de la mère qui la donne, et les pleurs de l’enfant qui
la reçoit ?
Baltasar Gracian, L’homme
détrompé. Espagne XVII°
~ Aujourd’hui, les espèces disparaissent à un taux qui est appelé à
surpasser celui de la dernière grande extinction. La cause n’en est pas une
quelconque catastrophe cosmique. Comme le dit Lovelock, c’est une peste d’êtres
humains.
~ La destruction du monde naturel […] est une conséquence du succès
évolutif d’un primate exceptionnellement rapace. […] Homo rapiens est devenu trop nombreux.
~ Une population humaine approchant les 8 milliards ne peut être maintenue
qu’en ravageant la Terre.
~ La croissance de la population humaine qui a eu lieu au cours des
quelques dernières centaines d’années ne ressemble à rien tant qu’aux pics qui
se produisent dans les effectifs de lapins, de souris et de rats de peste.
Comme eux, elle ne peut être que de courte durée.
~ Les humains sont comme tout autre animal nuisible. Ils ne peuvent pas
détruire la Terre, mais ils peuvent facilement saccager l’environnement qui les
sustente.
~ Communément pratiquée, la philosophie est la tentative de trouver de
bonnes raisons à des croyances conventionnelles. […] Si Schopenhauer est
à peine lu aujourd’hui, c’est parce que peu de grands penseurs modernes sont
allés autant à l’encontre de l’esprit de leur temps et du nôtre.
~ Le génocide est aussi humain
que l’art ou la prière. Et ce non pas parce que les humains sont une espèce
inhabituellement agressive. Le taux de morts violentes chez certains singes
dépasse celui des humains – si les guerres sont exclues du calcul ; mais
comme le fait oberver E.O. Wilson, « si les babouins hamadryas avaient des
armes nucléaires, ils détruiraient le monde en une semaine ». Le meurtre
de masse est un effet secondaire du progrès technologique. Depuis la hache de
pierre jusqu’à nos jours, les humains ont utilisé leurs outils pour se
massacrer les uns les autres. Les êtres humains sont des animaux fabricants
d’armes dotés d’une insatiable prédilection pour le meurtre.
~ Homo rapiens est seulement une espèce parmi beaucoup d’autres, et
il n’est pas évident qu’elle mérite d’être préservée. Tôt ou tard, elle
connaîtra l’extinction.
~ Aussi longtemps qu’augmentera
la population, le progrès consistera à travailler dur pour suivre la cadence.
L’humanité ne peut limiter ce dur travail que d’une seule manière, qui est de
limiter ses effectifs. Mais limiter les effectifs humains se heurte à de
puissants besoins humains. Les Kurdes et les Palestiniens voient un grand
nombre d’enfants comme une stratégie de survie. Lorsque des communautés sont
enfermées dans des conflits insolubles, un taux de natalité élevé est une arme.
John Gray, Straw dogs. Angleterre XXI°
Ci-gît, libéré de la douleur, protégé contre la misère,
Un enfant, le trésor des yeux de ses parents […]
Peu nombreux furent les jours alloués à son souffle ;
A présent laissons-le dormir en paix sa nuit de mort.
Thomas Gray, Epitaphe pour un enfant. Angleterre
XVIII°
La mort était la seule valeur absolue de mon univers. Quand on a perdu la
vie, on ne peut plus rien perdre à jamais. […] La mort est beaucoup plus
indéniable que Dieu, et avec la mort disparaît la possibilité quotidienne de
voir mourir l’amour. Le cauchemar d’un avenir d’ennui et d’indifférence se
dissipe. Je n’aurais jamais pu être pacifiste. Assurément, tuer un homme, c’est
lui octroyer un inappréciable bienfait.
Graham Greene, Un Américain bien tranquille. Angleterre XX°
Ah ! puissé-je n’avoir
jamais pris forme ni consistance dans les entrailles d’une mère, ne m’être
jamais orienté vers la lumière de l’existence, n’avoir jamais été inscrit sur
le registre des naissances, jamais inclus dans le nombre des hommes.
Saint Grégoire de Narek, Prière.
Arménie X°
Car la procréation physique d’enfants (que cet argument ne mécontente
personne) est plus pour l’homme un embarquement à bord de la mort qu’à bord de
la vie. La corruption a son commencement dans la naissance et ceux qui s’abstiennent
de la procréation par la virginité provoquent eux-mêmes une suppression de la
mort, en l’empêchant de progresser davantage à cause d’eux, et, en se dressant
eux-mêmes comme une sorte de borne frontière entre la vie et la mort, ils
évitent que la mort ne s’étende.
Saint Grégoire de Nysse, Traité sur la virginité. Anatolie
IV°
Que la condition de la vie est muable !
Et si nous fault souvent en un fascheux sejour,
Faschez de vivre tant, attendre nostre jour :
Qu’une subite mort est douce au miserable !
Mais d’autant elle fuit quell’ se sent desirable.
Jacques Grévin, La Gélodacrye (Livre I, Sonnet XVI). France XVI°
Le povre poete
N’a rien parfaict qu’une peine parfaicte. […]
Il n’y a rien icy qui ne soit malheureux. […]
Pauvre homme, tu feus faict d’un petit de mortier,
[…]
Tu te laisses mourir plus souvent en naissant,
Ou si tu es plus long temps jouissant
Vingt ans ou quarante ans de ceste povre vie,
Ce ne sera sans une maladie,
Qui tousjours compaignant le sentier de tes pas
En la parfin te conduit au trespas.
Jacques Grévin, Elégie sur la misère des hommes.
France XVI°
Adieu, monde, car on ne peut te
faire confiance, ni rien attendre de toi. […] Tu dupes, fais choir, insultes,
souilles, menaces et oublies chacun, et chacun pleure, souffre, se lamente, se
désole, périt ; et chacun fait une fin. […] Adieu, monde, car je suis las
de tout commerce avec toi. La vie que tu nous donnes est un misérable
pèlerinage ; inconstante, incertaine, rude, dure, fugitive et impure, elle
est vouée à la pauvreté et à l’erreur. C’est plutôt une mort qu’une vie.
Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen, Les
aventures de Simplicius Simplicissimus. Allemagne XVII°
Qu’est donc
notre vie sur terre ?
Se trouver là
mis au monde ;
Sans voix,
inerte au berceau,
Rester couché
sans rien faire ;
Ramper,
courir, debout, assis,
J’ai faim,
j’ai soif, j’ai froid, j’ai chaud ;
Travailler,
peiner pour rien ;
S’affliger de
nombreux maux ;
Voir toujours
planer la mort,
Pour finir
rendre l’esprit ;
De nouveau
poussière et cendre,
Telle est
notre vie sur terre.
Johann Grob, La
ronde de la vie. Suisse XVII°
Quant à moi, je le dis, depuis
que du zénith
Les rayons de Phébus éclairent ma
pâleur,
Jamais je ne connus un seul jour
sans angoisses.
Bienheureux celui-là, monde, ô
vallon de larmes,
Qui sans avoir posé le pied sur
cette terre,
Part du sein maternel vers les
célestes joies !
Andreas Gryphius, Volupté
du monde. Allemagne XVII°
[Certaines tribus Guarani]
attendaient et désiraient la Fin définitive du Monde. Nimuendaju écrivait en
1912 : Non seulement le Guarani,
mais toute la nature est vieille et fatiguée de vivre. Plus d’une fois les
hommes-médecine, lorsqu’ils rencontraient en rêve Nanderuvuvu, ont entendu la
Terre l’implorer : « J’ai dévoré trop de cadavres, je suis repue
et épuisée. Père, fais que cela finisse ! ». […] On trouverait
difficilement une expression plus émouvante de la fatigue cosmique, du désir du
repos absolu et de la mort.
[Guarani]
(célèbre tribu d’Amazonie). Extraits de : Mircea Eliade, Aspects du mythe.
~ Révolutionnaire ou marginal, on
t’accuse de fouler aux pieds les traditions. Il en est au moins une que tu
perpétues vigoureusement : la procréation.
~ L’enfant te sert de panacée. Il
cimente ton couple qui s’effondre. Il remplit le vide de ton existence. Il est
le remède à ta solitude. Il est le futur où tu projettes tes projets avortés,
tes espoirs déçus. Il est ta propriété exclusive. Tu en obtiens facilement
admiration et reconnaissance.
~ Il est temps d’assumer ta
sexualité sans sublimer tes désirs atrophiés dans la ponte de petits pantins
chauds et braillards. Tu n’es pas chargée de l’avenir de l’espèce.
~ Si ta soif de donner l’amour
est véritable, prends avec toi les enfants que les autres ont faits par hasard.
~ Tu confonds la procréation et
la course aux armements ; tu veux continuer à faire des petits
révolutionnaires (!) parce que les autres font des petits conformistes. Tu
dis (Margaret Mead) que c’est une grande aventure du temps présent de faire des
enfants pour un monde inconnu. Mais tu fais courir l’aventure aux autres.
Claude Guillon, Ecoute
petit homme. France XX°
Dieu a organisé quelque chose qui
n’existait pas, mettons le chaos. Mais qu’était ce désordre que Dieu allait
informer ? Il a pris du chaos pour faire une montagne, un lac, un désert,
et le pire de ses méfaits, des messieurs : il n’y a pas lieu de pavoiser,
pour un ratage c’en est un de taille.
Tom Gutt, préface à :
André Stas, Collages. Belgique
XXI°
En toi nous sommes, Douleur, en
toi nous vivons !
La suprême ambition de tout ce
qui existe
Est de se perdre dans le néant,
s’anéantir,
Dormir sans rêves…
Manuel Gutierrez Najera, To be
(in Poésies). Mexique XIX°
Les souffrances de la naissance,
la maladie, la vieillesse et la mort s’abattent sur nous, comme la pluie.
Comprendre cela et ne pas lutter pour la libération : qu’y aurait-il de
plus fou ?
Gyalwa Gendün Gyatso (deuxième Dalaï-Lama). Tibet XVI°. Cité in :
Gilles van Grasdorff, Paroles des
Dalaï-Lamas.
§ Il faut informer clairement,
sans hypocrisie, sans parti pris. Il faut dire : six milliards
d’habitants, c’est trop. Moralement, c’est une grave erreur, à cause de la
distorsion aggravée entre pays riches et pays pauvres. Et, pratiquement, c’est
dramatique.
§ – A l’origine de tous nos
dangers, de toutes ces menaces dont nous parlons, avant l’argent, je mets la
surpopulation
– Vous êtes donc pour le contrôle
des naissances ?
– Absolument. Il faut le faire
connaître et le promouvoir […] aussi vite que possible.
§ Il faut donc éduquer les
populations du tiers-monde. Car elles ne savent rien, je le vois ici autour de
moi. Et il faut le faire énergiquement, sans réticence sentimentale. C’est une
nécessité immédiate, une urgence. Il faut leur dire, avec tout ce que cela
suppose de malentendus : vous faites fausse route, votre accroissement
démographique beaucoup trop fort vous conduit à une misère plus terrible encore.
Tenzin Gyatso (quatorzième
Dalaï-Lama). Tibet XX°. Cité
in : Sa Sainteté le Dalaï-Lama et Jean-Claude Carrière, La force du bouddhisme.
Du point de vue bouddhiste,
toutes les traditions et leurs enseignements s’accordent sur le même but à
atteindre : soulager la misère de la vie humaine et interrompre le cycle
des existences. En cela, elles sont toutes dignes d’intérêt, même si leurs
méthodes diffèrent.
Tenzin Gyatso (quatorzième Dalaï-Lama). Tibet XX°. Cité in :
Gilles van Grasdorff, Paroles des Dalaï-Lamas.
~ Quel déplorable cri vient
blesser mon oreille ?
Quelle est donc cette plainte, et
qui verse des larmes ?
Quel est ce pauvre ver qui naît à
la lumière ?
Il a ouvert les yeux, et c’était
pour pleurer,
Il a vécu à peine et déjà doit
payer
Tribut à la douleur.
~ Se courber sous le joug et
vivre un lourd supplice,
C’est cela qui t’attend ! et
qui nous attend tous.
Gustaf Fredrik Gyllenborg, La
misère de l’homme. Suède XVIII°
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire